Berlusconi poussé dans la voie du fédéralisme fiscal

Empêtré dans les polémiques au sein de sa majorité de droite, Silvio Berlusconi cherche à resserrer les liens avec son principal allié, la puissante Ligue du Nord. A l'occasion de la rentrée politique, son gouvernement a ainsi placé au centre de son activité la mise en oeuvre du fédéralisme fiscal fortement réclamé par ce mouvement autonomiste. L'adoption des décrets d'application sera bouclée « dans les quatre mois » se félicite le ministre de la Simplification des lois Roberto Calderoli (Ligue du Nord), qui devait rencontrer à ce sujet le ministre des Finances, Giulio Tremonti, jeudi soir. Pour la Ligue du Nord, le temps presse car sa coalition au pouvoir depuis 2008 sous la direction du Cavaliere menace de ne plus avoir de majorité sous peu. Et les élections anticipées qui s'ensuivraient mettraient en péril l'application de la loi déjà votée.Les décrets doivent assurer qu'une partie des ressources des régions provienne à l'avenir d'un mélange de TVA et d'impôt sur le revenu. Décrets « trop ambigus »Pour la Ligue, qui s'indigne des transferts du Nord prospère vers le Mezzogiorno déshérité et assure que le fédéralisme permettra de responsabiliser les collectivités territoriales méridionales, ces mesures ne sont qu'un premier pas. L'objectif est notamment de revoir au plus vite le financement de la santé, de compétence régionale et gonflant leurs gros déficits publics, en fixant des coûts standard sur lesquels les régions devraient s'aligner. « Ceux qui ont trop dépensé devront s'adapter ou changer leur classe dirigeante » prévient Roberto Calderoli. L'opposition de gauche s'inquiète de ces décrets « trop ambigus », selon l'économiste Nicola Rossi. Le quotidien Il Sole 24 Ore évoque plusieurs hypothèses sur les effets de la réforme fédérale. Dans le meilleur des cas, les « best practices » du Nord se diffuseraient à l'ensemble du pays. « Ce qui signifie à terme plus d'infrastructures au Nord et une réduction des emplois subventionnés au Sud » résume le directeur du centre d'études Censis Giuseppe Roma. Mais le risque est au contraire « une multiplication des structures et une explosion des coûts en transférant des pouvoirs du centre [Rome] vers la périphérie [les régions] » y compris au Nord juge le directeur de la Fondation Nord-Est Daniele Marini. Le renforcement du clientèlisme au Mezzogiorno allié à un désenchantement de l'électorat septentrional pourrait alors ouvrir la voie à une division de l'Italie, qui fêtera ses 150 ans d'unité en 2011...Robert Lavéran, à Rome
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