Hatoyama en guerre contre la bureaucratie

JaponC'est fait. Le Japon s'est doté de son premier authentique gouvernement d'alternance depuis 1955, mercredi. Un changement de régime sans précédent dans l'histoire du pays, né du suffrage populaire et non de la victoire d'un clan sur un autre. C'est peu de dire que les esprits se sont échauffés depuis les élections législatives du 30 août. Tous les espoirs sont désormais permis : une réconciliation avec la Chine, la sortie de la crise, un siège au Conseil de sécurité pour le Japon? « Une monnaie commune entre le Japon, la Corée du Sud et la Chine ? C'est possible ! », délire un diplomate. À côté de lui, un ancien ambassadeur avoue que les hauts fonctionnaires sont terrorisés à l'idée de l'alternance. retour en arrière Le nouveau Premier ministre Yukio Hatoyama, qui a promis de reprendre le pouvoir des bureaucrates, s'est doté d'une équipe de choc. « Nous n'avons pas encore fait de changement historique. L'histoire se fera ou non suivant nos efforts ! », a-t-il martelé lors de sa première conférence de presse. Le Conseil stratégique national, boîte à idées du Premier ministre, est présidé par Naoto Kan, ex-ministre de la Santé qui a combattu ses fonctionnaires dans un scandale de sang contaminé. Le ministère de la Santé a échu au député qui a révélé un scandale de dossiers de retraite disparus. La Justice va à une avocate de gauche. Les ministères régaliens ont tout de même été confiés à des profils rassurants : les Finances échoient à Hirohisa Fujii, qui a déjà occupé cette fonction pendant dix mois en 1993. Il faudra toute l'autorité à cet ancien fonctionnaire du Trésor, aujourd'hui âgé de 77 ans, qui est aussi le principal conseiller du Parti démocrate en matière de politique budgétaire, pour remettre en cause les enveloppes supplémentaires de dépenses déjà votées cette année et affecter les crédits vers les priorités de la nouvelle équipe. Les Affaires étrangères reviennent au rassurant Katsuya Okada, qui ne remettra pas en cause l'alliance avec les États-Unis. Shizuka Kamei est le seul personnage détonnant de ce gouvernement. Yukio Hatoyama a placé ce camarade de la coalition gouvernementale à la tête des services postaux et financiers pour revenir sur la privatisation de la poste japonaise. Qu'il ne connaisse strictement rien à la finance ne semble pas avoir gêné sa candidature. Dans son édition du mercredi soir, le quotidien « Nikkei » parlait de cette nomination comme d'un incroyable retour en arrière. Régis Arnaud, à Tokyo
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