L'Angleterre perd la tête et son rugby

Sherlock Holmes, s'il avait existé, en aurait certainement avalé sa pipe, congédié sa bonne à tout-faire, miss Hudson, et se serait éclairci les esprits avec une solution cocaïnée à 7 %. S'il voyait ce qui se passe dans le rugby anglais, son flegme disparaîtrait dans le brouillard qui enveloppe Baker Street. Sexe, drogues, tricheries et même pas rock'n'roll, le rugby de Sa Majesté a fait main basse sur les pages faits divers plutôt que sur l'Europe du ballon ovale, comme on en avait l'habitude.Tout a commencé au printemps dernier. Tom Williams, joueur des Harlequins, fait exploser une capsule de sang artificiel dans sa bouche pour simuler un saignement et provoquer un changement de joueur. L'Angleterre découvre la tricherie et son image de bastion du fairplay s'effondre. Les sanctions sont exemplaires, à l'image des quatre ans de suspension prononcés à l'égard de Dean Richards, l'entraîneur des Harlequins, cerveau de ce projet diabolique. À Bath, les soirées sont noyées dans la cocaïne, comme chez Sherlock Holmes décidément, les contrôles antidopage zappés gentiment et certains, comme Matt Stevens, se font prendre le nez dans la poudre.Pour enrayer ces dérives, la fédération a décidé de créer une task force avec à sa tête? Lawrence Dallaglio. Oui, oui, le même. Celui qui s'était fait contrôler positif à la cocaïne et qui se vantait de faire le dealer pour certains de ses coéquipiers lors des tournées dans l'hémisphère Sud avec l'équipe d'Angleterre. Shocking?! D'autant que le rugby anglais flanche sérieusement. Depuis 2006, ce sont les clubs irlandais qui remportent la plus prestigieuse des compétitions européennes. Et l'automne dernier, le XV de La Rose s'est incliné face à une équipe d'Argentine en pleine reconstruction. Les raisons de cette dégringolade amorcée depuis 2007 sont aussi structurelles.Les caisses des clubs sont vides, la faute à la crise. Philippe Saint-André, entraîneur de Toulon et ancien manager de Sale et de Gloucester?: « Le rugby anglais n'est pas axé comme en France sur un rugby de région aidé par les collectivités. Un club anglais est détenu par un gros propriétaire qui tient tout le club et le stade. » Certains ont été obligés de réduire la voilure. Les spectateurs désertent et les meilleurs joueurs préfèrent prendre l'Eurostar, quitte à ne plus être sélectionnés en équipe nationale. Jonny Wilkinson, à Toulon, James Haskell, à Paris, ont fait le choix du portefeuille, du prestige car le Top 14 est le championnat le plus relevé de la planète, et de la diversité car le jeu n'est pas aussi stéréotypé qu'outre-Manche, où la passe est un concept disparu depuis longtemps.Le tableau n'est pas tout noir, car le championnat anglais conserve un fort pouvoir d'attraction sur des joueurs cotés de l'hémisphère Sud. « Ils ont perdu de grands joueurs, mais à un moment donné, ça repartira. Ce n'est pas un championnat qui est sur le déclin » nuance Benjamin Kayser, ancien de Leicester revenu au Stade Français. Il sera toujours compétitif ». nle rugby de Sa Majesté sombre dans la rubrique faits divers, Sexe, drogues, tricheries et même pas rock'n'roll.
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