Le russe Metalloinvest devient leader mondial des réserves de minerai de fer

Jusqu'ici peu connu des financiers, Metalloinvest bombe le torse en vue d'une introduction sur la Bourse de Londres (LSE). Le groupe espère y lever jusqu'à 4 milliards de dollars début 2011. Surtout connu pour sa participation de 4 % dans un groupe russe très disputé, Norilsk Nickel, Metalloinvest distille via des sources bancaires son souhait d'entrer dans l'indice Footsie (FT100) et fait miroiter ses derniers succès, à savoir une augmentation de 8 % de ses réserves en un an, et surtout la prise du leadership mondial en termes de réserves de minerai de fer. Metalloinvest coiffe le brésilien Vale au poteau avec 14,9 milliards de tonnes. Soit, au rythme de sa production actuelle, cent soixante ans de ressources suffisantes pour soutenir son activité. Metalloinvest conserve, en revanche, la troisième position mondiale en termes de production (32 millions de tonnes), très loin derrière le brésilien (238 millions de tonnes).Pendant que les « fuites » se multiplient sur l'opération boursière, le groupe russe refuse de l'officialiser, se contentant d'indiquer qu'elle « reste une éventualité mais pas la seule », dixit le directeur général, Edouard Potapov. La prudence de Metalloinvest s'explique peut-être par le fait que le groupe caressait déjà cette ambition en 2008, juste avant que la crise financière n'empêche sa cotation.Pour appâter les acheteurs, Metalloinvest projette une hausse très forte de la production mondiale de minerai de fer (33 % d'ici la fin 2011). Le groupe prévoit d'augmenter sa propre production de 20 % par rapport à 2009, la portant à 36 millions de tonnes. La demande repart fortement, grâce à la Chine, mais aussi aux groupes sidérurgiques russes. D'ici à cinq ans, Metalloinvest espère produire entre 52 et 56 millions de tonnes par an, rien qu'avec ses actifs existants.Vassili Anissimov, vendeur probable de sa part de 20 %, a déclaré à la presse russe être « fatigué » et souhaiter « passer plus de temps avec sa famille » comme raison de sa sortie du groupe. Son compère Andreï Skotch détient 30 % de Metalloinvest et est connu en Russie comme le plus riche de tous les députés. Embarrassé par sa double casquette, il a d'ailleurs cédé sa participation à son père, paisible retraité.Le très secret UsmanovLes acheteurs de Metalloinvest devront surtout s'accommoder du principal actionnaire du groupe : Alisher Usmanov, 56 ans, un homme très secret, considéré comme la septième fortune russe avec 12,4 milliards de dollars. Né en Ouzbékistan, il a démarré ses activités d'homme d'affaires dès l'époque soviétique, ce qui lui a valu de passer six années à l'ombre, de 1980 à 1986. Endurci par l'épreuve, il a construit sa fortune en vendant des tubes d'acier à Gazprom, avec lequel il entretenait des relations privilégiées dans les années 1990. En 2000, il avait acquis suffisamment d'influence pour effacer totalement tout souvenir pénible dans son casier judiciaire. Après être devenu incontournable dans le milieu métallurgique, il a étendu ses activités aux télécommunications (36 % dans le troisième opérateur mobile russe), puis dans les médias et, surtout, l'Internet, où il détient 26,7 % du leader russe. Ce dernier, Mail.ru vient juste de lever triomphalement 912 millions de dollars à Londres. La voie paraît donc bien dégagée, même si dans la liste des principaux risques pesant sur le groupe présentés par Mail.ru aux investisseurs figure « les publications négatives sur le passé du milliardaire Alisher Usmanov ».
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