La crise a révélé les rigidités du marché du travail

La surprise de la crise vient du marché du travail, souligne l'Insee. L'emploi a montré une « forte résilience », souligne Sandrine Duchêne, chef du département de la conjoncture de l'institut de la statistique. Il a en effet diminué de 2,5 % au cours de la récession de 2008-2009, ce qui est « important en termes absolus », mais « relativement limité au regard de la valeur ajoutée ». Seconde surprise, l'emploi a redémarré dès le début de 2010. L'Insee prévoit 51.000 créations d'emplois au second semestre 2010 dans le secteur marchand et 50.000 au premier semestre 2011. L'industrie continuerait de perdre de l'emploi en 2010, mais moins qu'en 2009 (? 72.000 après ? 171.000). L'emploi « va alimenter le pouvoir d'achat », se félicite-t-on au sein du cabinet de Christine Lagarde. Il est un « élément évident de la sortie de crise ». Perte de compétitivitéIl n'est toutefois pas certain que ce scénario atypique soit de bon augure. L'Insee examine deux pistes pouvant expliquer la bonne tenue de l'emploi. Première explication, les entreprises auraient « joué en priorité » sur leur volant d'intérimaires, sur le volume des heures travaillées, sur le recours au chômage partiel, et conservé ainsi un certain nombre de leurs salariés. Une seconde explication envisage un ralentissement des gains de productivité : la crise aurait « ralenti le processus d'externalisation ou la mise en oeuvre de techniques de production plus économes en main d'oeuvre ». Il est trop tôt pour trancher entre les deux hypothèses, conclut prudemment l'Insee. Le fait que les entreprises n'ont pas ajusté leurs effectifs à la hauteur de la destruction d'activité signifie soit « qu'elles vont continuer à ajuster » en 2011, soit que « l'ajustement est terminé et qu'elles ont perdu en compétitivité », estime pour sa part Mathieu Plane, économiste à l'OFCE. L'Insee prévoit aussi une baisse du taux de chômage, à 9,3 % au troisième trimestre 2010, puis à 9,1 % à la mi-2011. Mais, nuance Mathieu Plane, il ne faut pas oublier l'effet démographique (la population active ralentit, donc fait baisser mécaniquement le taux de personnes sans emploi) et la sortie des statistiques des chômeurs découragés. S. S.
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