Paris s'érige en modèle de vertu financière

La « victoire du modèle financier européen sur le modèle anglo-saxon » bruyamment célébrée par Nicolas Sarkozy lors de la nomination de Michel Barnier comme commissaire européen au Marché intérieur et aux Services financiers doit s'inscrire dans les textes. Le plus rapidement possible car Paris n'entend pas se faire doubler par les autres pays européens. La City a devancé Paris sur les bonus. Le Trésor britannique et la Financial Services Authority (FSA) souhaitent maintenant imposer des fonds propres plus importants pour la négociation de gré à gré de produits dérivés.Christine Lagarde, ministre de l'Économie, l'a bien compris en annonçant pour janvier prochain une loi organisant la taxation des bonus des opérateurs de marché. La ministre veut aussi hâter le pas pour réformer l'architecture de la régulation financière française afin de se conformer aux annonces du G20 de Pittsburgh. C'est dans ce sens qu'elle a présenté mercredi en Conseil des ministres un projet de loi créant le « Conseil de la régulation du secteur financier et du risque systémique ». Cette instance réunira les autorités de contrôle des banques et des assurances, avec pour mission de « mieux prévenir les risques et de mieux coordonner l'action de la France dans les enceintes internationales et européennes ». Parallèlement, l'Autorité des marchés financiers (AMF) pourra adopter des mesures d'urgence « pour restreindre les négociations sur les marchés financiers en situation de crise ». Le régulateur des marchés devra également contrôler les agences de notation conformément au nouveau dispositif européen.En marge de ses entretiens, qui se tenaient aussi mercredi au Palais Brongniart, l'AMF a justement présenté sa nouvelle organisation et son coût pour les acteurs de marché : les frais liés aux augmentations de capital seront accrus de 50 % (de 0,20 à 0,30 % des montants levés sur le marché) et le plafond de la contribution des groupes bancaires sera multiplié par quatre à 1 million d'euros. C'est le prix à payer car Christine Lagarde comme Jean-Pierre Jouyet, le président de l'AMF, sont convaincus que sécurité et stabilité sont plus que jamais les éléments de l'attractivité des places financières. Ils estiment aussi que les marchés européens doivent jouer à armes égales. La rediscussion en 2010 de la directive marchés d'instruments financiers (MIF) doit, selon eux, soumettre les enfants de la MIF, les plates-formes alternatives de négociation aujourd'hui à la tête de plus de 25 % des échanges boursiers européens, aux mêmes contraintes réglementaires que les bourses historiques.
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