Miracle de la Silicon Valley, Twitter vaut déjà 3,7 milliards de dollars alors qu'il ne réalise encore qu'un chiffre d'affaires anecdotique. Le réseau de mini-messages, qui fête ses trois ans, vient en effet de réaliser une levée de fonds de 200 millions de dollars (selon la presse américaine) auprès de Kleiner Perkins, en leader de ce dernier tour de table. Lancé en 2007, le site, où les utilisateurs écrivent des messages de 140 signes (des « tweets »), compte 175 millions de comptes ouverts dans le monde, 100 millions de nouveaux comptes ayant été ajoutés sur les 12 derniers mois. 25 millions de tweets ont été écrit pas les internautes cette année. Par rapport à Facebook où l'internaute entretient des relations avec des « amis » qu'il connaît, leur donnant l'autorisation ou pas d'accéder à son profil, Twitter est un réseau ouvert. Il ne s'agit pas comme sur Facebook de s'exposer en créant son profil, alimenté d'informations personnelles, mais d'écrire des petits messages renvoyant le cas échéant à des sites extérieurs (articles de journaux, photos, sites Web etc.) à l'intention d'un large public. Pour le moment, le chiffre d'affaires atteindrait une cinquantaine de millions de dollars sur l'année 2010. Il faut dire que la commercialisation du service auprès des annonceurs date à peine du mois d'avril. Il s'agit pour les annonceurs de faire passer des messages sponsorisés. Le site a déjà 80 clients, dont Coca-Cola et Verizon Wireless. L'entreprise a grossi à grande vitesse. En un an, elle a embauché 130 personnes pour atteindre 350 salariés aujourd'hui et a déjà changé de PDG. Le directeur général Dick Costolo est venu remplacer le co-fondateur Evan Williams.Reste que la valeur de Twitter, qui a déjà levé en tout 360 millions de dollars, notamment auprès de Benchmark Capital et Union Square Ventures, a quadruplé en un an. L'inflation du site est aussi dûe à la compétition entretenue par les investisseurs. Ainsi, pour entrer au capital du site, Kleiner Perkins a bouté hors des négociations le très agressif groupe d'investissements russe Mail.ru (ex-Digital Sky Technologies) dont la stratégie est de prendre des tickets - même très onéreux dans les entreprises stars de la Silicon Valley (Facebook, Zynga, Groupon...). Pour l'instant, Twitter est beaucoup moins populaire que Facebook, et n'a pas encore réussi à percer dans le grand public. En France, il est très prisé par une communauté pointue composée de journalistes, d'hommes politiques, de clinquants sportifs, bref de communicants en tout genre. Mais avec 2 millions de visiteurs uniques au mois d'octobre selon Comscore, son audience est encore réduite. Même aux État-Unis, la caisse de raisonnance médiatique de Twitter (Barack Obama a son fil d'informations, et Eva Longoria y a annoncé sa rupture avec le basketteur Tony Parker) est supérieure à son taux d'utilisation réel, même s'il croît vite. 2 %de connectés au quotidienSeulement 8 % des internautes américains disent utiliser Twitter, selon une étude du Pew Internet Research. 74 % des américains étant connectés à Internet, 6 % de la population est donc sur Twitter. L'usager type est plutôt jeune (il a entre 18 et 29 ans), urbain et a fait des études supérieures. Pour le moment, 2 % des internautes s'en servent tous les jours. Globalement, parmi les utilisateurs de Twitter, il y en a autant qui vont sur le réseau plusieurs fois par jour que d'internautes qui n'y vont jamais. Twitter sert d'abord à donner des informations sur sa vie personnelle ou sur ses centres d'intérêts. Et un peu plus de la moitié des internautes partage des liens sur des informations de presse. En revanche, seulement un quart des utilisateurs dit où il se trouve via Twitter.

latribune.fr

18 Déc 2010, 23:51

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