« La priorité sera de renforcer l'État haïtien »

hilippe douste-blazyQuelles sont les priorités pour Haïti ?La première des nécessités, c'est l'acheminement des produits d'urgence : la nourriture, l'eau mais également les médicaments, et en particulier le matériel de chirurgie. Dans un deuxième temps, il faudra remettre en place une administration, en veillant à s'appuyer sur la société haïtienne, qui s'est mobilisée dès le premier jour. La priorité sera alors de renforcer l'État haïtien, mais le processus de reconstruction sera très lent.Qui doit être le chef d'orchestre des opérations de secours et de reconstruction ?Les organisations sur place doivent avoir les moyens d'agir sans être gênées par la bonne volonté désorganisée de tous ceux qui veulent se rendre utiles. Il faut renforcer l'ONU, si durement éprouvée dans la catastrophe du 12 janvier, dans ses moyens de planification. Mais il y a aussi le travail des ONG, très compétentes et expérimentées, à l'instar de MSF, qui doit s'accomplir sous la coordination générale des Nations unies.La solidarité des États suffira-t-elle ?Avant le tremblement de terre, près de 80 % des Haïtiens vivaient avec moins de 2 dollars par jour, et un habitant sur quatre était sous-alimenté : pendant quelques semaines, Haïti va se retrouver sous le feu des projecteurs médiatiques et bénéficier de la compassion et de la générosité planétaire. Mais au-delà des souffrances, le vrai malheur d'Haïti est celui de tous les pays pauvres : leur incapacité à accéder aux biens publics mondiaux que sont l'éducation, la santé et l'alimentation. Si nous voulons vraiment aider à long terme les Haïtiens, ainsi que les populations les plus démunies, il faut développer de nouveaux financements, baptisés « financements innovants ». C'est déjà ce que nous faisons avec le programme Unitaid, qui, depuis sa création, a permis de générer via la taxe aérienne plus de 1,3 milliard de dollars.Comment expliquez-vous l'implication très forte du président Obama dans le drame haïtien ?Par la proximité géographique entre Haïti et les États-Unis, renforcée par la mobilisation de la diaspora haïtienne en Amérique du Nord. Mais aussi par la fibre humaniste du président Obama. La France a aussi un vrai rôle à jouer. À cet égard, l'annonce par Nicolas Sarkozy d'une visite prochaine sur place ? la première d'un chef d'État français ? est une nouvelle importante. Il existe des liens profonds entre nos pays. N'oubliez pas que la devise nationale d'Haïti est « liberté, égalité, fraternit頻.Propos recueillis par Éric Chol(*) Chargé des financements innovant
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