La longue marche de la BCE vers son nouveau siège

Un grillage court le long d'un terrain vague clairsemé de béton et de mauvaises herbes. Au loin, un bâtiment années 1930 en brique rouge, en ruine, à l'allure sinistre. Sur le devant, des tractopelles déblaient lentement les bas-côtés de la voie rapide reliant l'Eros Center tout proche à la zone industrielle qui se dessine derrière la voie ferrée encombrée de wagons de frets. Il faut décidément encore beaucoup d'imagination pour croire que c'est ici, dans le quartier d'Ostend, à l'est de Francfort, que se dressera en 2014 le futur siège de la Banque centrale européenne (BCE). Le projet lui permettra enfin de rivaliser avec le temple néoclassique de la Fed ou l'élégant bâtiment néobaroque de la Banque du Japon. Ses deux tours de verre de 165 mètres et 185 mètres de haut viendront trôner au-dessus des anciennes halles centrales de Francfort rénovées. Le 17 décembre dernier, le conseil des gouverneurs a décidé de mener ce projet de 120.000 mètres carrés à son terme à l'unanimité.bellE REVANCHEPour la BCE, cette décision est une revanche après plus d'une décennie de coups d'arrêt. Car lorsqu'en 1998, l'institution s'installe à Francfort, rien n'a vraiment été prévu pour l'accueillir. Elle doit alors louer une tour sans charme, l'Eurotower, qu'elle partage avec un bar et une blanchisserie. Le site est du reste trop étroit : il faut louer deux autres lieux pour loger les 1.400 employés de la banque. Tout cela coûte cher, manque d'efficacité et de standing. Dès 2001, l'institution jette son dévolu sur le site des anciennes halles construites en 1928. Le terrain est acheté pour 60 millions d'euros et en 2005, un projet architectural est sélectionné. Mais une bataille juridique bloque l'avancement du projet et il faut attendre la fin 2008 pour voir lancé l'appel d'offres pour la construction du site. Nouveau coup dur : en février 2009, le seul candidat dresse une facture de 1,4 milliard d'euros. Inacceptable pour la BCE qui veut limiter la facture à l'équivalent de 500 millions d'euros de 2005. Du coup, le chantier est divisé en douze volets et 69 lots, chacun soumis à un appel d'offres. Cette fois, c'est un succès. « La concurrence a parfaitement joué, parce que de plus petites entreprises ont pu venir soumettre leurs candidatures », explique-t-on à la BCE. Difficile cependant de savoir à combien s'élèvera « in fine » la facture. Nul doute que cela motivera sans doute encore un peu plus Jean-Claude Trichet et son successeur à tenir ferme face aux risques inflationnistes nR. G., à Francfort
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