La réforme de la PAC sera au coeur de la campagne présidentielle de 2012

Alors que s'ouvre à Paris samedi le Salon de l'agriculture, à Bruxelles, on continue de débattre de l'avenir de la Politique agricole commune (PAC), dont la France est le premier bénéficiaire. Le sujet est crucial pour Nicolas Sarkozy, qui compte bien récolter le vote des agriculteurs en 2012. La PAC est le plus gros poste budgétaire de l'Union européenne (UE) et sera, dans les prochains mois, au centre de la bataille autour du futur budget pluriannuel européen 2014-2020. « Nous ne voulons pas que le budget de la PAC perde un seul centime d'euro », a affirmé cette semaine le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire au Parlement européen. « La France veut à tout prix conserver les 9 milliards d'euros qu'elle reçoit aujourd'hui », explique un lobbyiste agricole à Bruxelles. « Qu'on les fasse rentrer par un tuyau ou par un autre, on est prêt à avaler n'importe quoi pour les garder ! » ajoute-t-il. Réorientation des budgetsToutefois, du côté des eurodéputés, certains se montrent lucides : « Il ne faut pas se leurrer. On s'attend à ce que le budget soit un peu réduit », confie un proche du dossier. Les pays récemment entrés dans l'UE réclament un partage plus équitable de la part de l'Allemagne et de la France, les deux grandes puissances agricoles européennes. La Pologne et ses alliés ne veulent plus que les paiements directs, de quelque 40 milliards d'euros, soient effectués sur la base de niveaux de production historiques. Il y a aujourd'hui un consensus pour abandonner ces bases historiques. « On a bougé sur le sujet », concède l'entourage de Bruno Le Maire. « On est prêt à abandonner les références historiques. Mais on veut l'équité, pas l'égalité. » L'argument est simple : le pouvoir d'achat n'est pas le même en France et en Pologne. Selon l'eurodéputé Michel Dantin, la réforme de la PAC reposera essentiellement sur « des réorientations des financements, une plus grande préoccupation de l'environnement et des outils réarmés pour gérer les marchés ».À ce stade, les propositions de la Commission pour la future PAC et le futur budget ne sont pas encore sur la table. Mais l'affaire semble entendue : Paris, Berlin et Londres, qui ont rédigé mi-décembre une lettre commune appelant à un gel du futur budget européen, auraient scellé un pacte dans lequel l'Allemagne obtiendrait la rigueur sur les déficits publics dans la zone euro, le Royaume-Uni le maintien de son rabais et la France le maintien du budget de la PAC. Bruxelles doit faire des propositions législatives sur l'avenir de la politique agricole à l'automne prochain mais celles-ci seront suspendues aux perspectives financières en 2012.D'ici-là, la stratégie de Paris consiste notamment à affirmer, au G20, le rôle indispensable de la PAC face à la volatilité des prix, amplifiée par la spéculation. Et l'idée fait son chemin. Après un timide acquiescement de la Commission, obtenu sous la menace, les eurodéputés ont adopté une résolution jeudi affirmant que « le changement climatique et la spéculation sur les marchés des produits de base sont les principaux facteurs qui compromettent la sécurité alimentaire ».
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