Le président américain opère un recentrage politique

Faire une campagne clivante pour se démarquer, puis gouverner au centre : tel est souvent le lot des élus, en particulier aux États-Unis, où la vie politique est avant tout considérée comme « l'art du possible ». Ainsi, si le candidat Obama avait choisi, à l'inverse d'un Bill Clinton déjà centriste, de se positionner relativement à gauche pendant sa campagne ? sur la guerre en Irak, le libre-échange, la couverture santé ?, voilà qu'il doit faire avec la réalité du pouvoir. Pis, il doit aujourd'hui prendre en compte l'émergence, en particulier à droite, d'un mouvement de rébellion contre l'establishment et le « tout-État ». Du coup, il se recentre franchement, à l'extérieur comme à l'intérieur. Certes, cela correspond à sa personnalité : n'avait-il pas électrisé les foules, à la convention démocrate de 2004, lorsque, jeune sénateur, il avait déclaré dans son discours qu'il n'y avait pas « d'Amérique de gauche ou d'Amérique conservatrice, mais les États-Unis d'Amérique » ? Et il a fait entrer dans son équipe son ancienne adversaire, Hillary Clinton, ou le secrétaire à la Défense de George W. Bush, Robert Gates. Mais ces efforts ne lui ont pas fait marquer de points au Congrès. Impossible pour Obama de mener à bien son projet phare de réforme du système de santé : les républicains lui refusent leur soutien. De même qu'ils rechignent à lui prêter main-forte sur d'autres dossiers comme la réduction du déficit budgétaire. À quelques exceptions près, la ligne de fracture entre partisans de la droite et de la gauche reste la même au Capitole.dernier espoirC'est bien ce qui rebute les électeurs. Selon un dernier sondage, moins de 1 Américain sur 10 ? du jamais-vu ! ? estime que les membres du Congrès devraient être réélus au scrutin de mi-mandat, en novembre prochain. Comment faire pour redonner le goût de la politique aux électeurs, et mieux, restaurer leur confiance dans le système ? Le président pense avoir trouvé la parade, en constituant des commissions bipartisanes, chargées de faire des propositions concrètes faisant avancer les grands dossiers, de la santé au déficit budgétaire. En espérant que cela réussisse. Dans le cas contraire, Barack Obama a un dernier espoir : si une nouvelle fronde s'organise à droite, avec le mouvement des Tea Parties, les Américains dans leur ensemble sont encore 35 % à avoir un « sentiment favorable » vis-à-vis des démocrates, contre 28 % seulement pour les républicains...Lysiane J. Baudu
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