Scénario 3  : la stagnation à la japonaise

Traînant le boulet d'une dette souveraine qui devrait atteindre cette année 88 % du PIB, un déficit public cumulé de 6,7 % et un taux de chômage de 10 %, la zone euro ne peut pas compter sur la croissance économique (+ 0,5 % désormais selon la Standard Bank), pour se tirer d'affaire. Pour autant, la situation est-elle désespérée ? « On peut avoir un taux de croissance dans la zone de 1 % par an jusqu'à 2020, voire jusqu'à l'épuisement des peuples », concède Christian Saint-Étienne, professeur d'économie à Paris-Dauphine. Après tout, cela existe. Le Japon, qui reste quand même la troisième économie du monde, connaît cette situation depuis le début des années 1990. Son économie, après avoir stagné, montre des signes timides de reprise (+ 1 % en 2010 selon la Standard Bank), ses prix à la consommation baissent (? 1 %), sa dette souveraine est partie pour atteindre 200 % du PIB et son déficit public devrait franchir les 10 % du PIB.Les différentes réunions qu'ont tenues les responsables européens ont montré leurs limites : grandes déclarations d'intention suivies d'aucun effet tangible. Elles pourraient rapidement se tenir dans l'indifférence générale, chaque pays de la zone se maintenant dans une stabilité sans véritable croissance, ni véritable récession. louables intentionsLa rigueur budgétaire prônée par l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord se transformerait en intention davantage qu'en objectif, comme jusqu'à maintenant. « Il eut été préférable que les pays les plus exposés initient le mouvement de rigueur plutôt que ce soit les États de la zone qui le fassent tous au même moment, ce qui est contre-productif », estime d'ailleurs Émile Gagna, chez Dexia AM.Pour que l'Europe soit dans un scénario à la japonaise, il faut remplir certaines conditions. « La dette japonaise est détenue par les épargnants locaux, au contraire de la zone euro. La dette française est détenue à 50 % par des étrangers, qui partiront en l'absence de croissance économique », estime Dominique Chesneau, chez Tresorisk. La pression des marchés est donc beaucoup plus forte en Europe qu'au Japon, ce qui n'est pas forcément un désavantage. De plus, le système bancaire européen, notamment français, est plus solide que le japonais, qui purge toujours ses produits financiers toxiques. « Les banques japonaises, malgré des taux proches de zéro, sont bridées pour accorder des crédits. En Europe, en particulier en France, elles ont largement de quoi prêter pour assurer les investissements dans l'économie », souligne Dominique Chesneau. R. Ju. avec E. C.
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