Les pétroles bruts inégaux face à la baisse des cours

La dégringolade des prix du pétrole s'est accentuée lundi, le baril de WTI sombrant en dessous des 70 dollars, soit un recul de 20 % depuis début mai. «Ce n'est pas le pétrole qui baisse, ce sont plutôt les matières premières qui se voient entraînées dans le mouvement baissier des marchés financiers», assure Frédéric Lasserre, responsable des matières premières à la Société Généralecute; Générale. La composante financière de cette baisse est d'ailleurs confirmée par le moindre recul, sur la même période, des autres types de pétrole brut, comme le brent européen (-13 %) ou l'Oman-Dubaï (-10 %), moins investis par la sphère financière. Un décalage paradoxalPlus léger, donc moins cher à transformer, le pétrole américain cotait hier 7 dollars de moins que le panier de l'Opep, qui représente surtout des bruts lourds. Un décalage paradoxal, aussi lié à une situation de stocks exceptionnelle. Sur les 85 millions de barils de brut extraits quotidiennement, une petite partie est stockée, notamment aux États-Unis. Le lieu de stockage du baril du contrat West Texas Intermediate, qui est un contrat à livraison physique, a battu un nouveau record la semaine dernière, avec 37 millions de barils. Ce qui pousse les détenteurs de contrats à les vendre, plutôt que de devoir en assumer la livraison, compliquée par l'absence de cuves vides.Mais le pays n'est pas le seul à thésauriser l'or noir. Le numéro deux en termes de stocks, l'Iran, a aussi des barils à revendre. Selon l'Agence internationale de l'énergie, le pays est actuellement à la tête de 30 millions à 38 millions de barils flottant dans des tankers. Il s'agit d'un pétrole lourd en métaux, et soufré, que toutes les raffineries ne peuvent pas traiter. Le pays serait aussi la cible d'un début de boycott. De nombreuses sociétés de trading ont déjà déclaré qu'elles ne livreraient plus d'essence à l'Iran, et il est possible que certains clients prennent les devants d'éventuelles sanctions en limitant les importations d'Iran. La Chine a notamment revu à la baisse les quantités de brut qu'elle achète au pays, alors que sa consommation est en pleine progression. En Europe la situation de stocks est plutôt inverse, puisqu'ils se situent à un plus-bas de cinq ans. De surcroît, un lieu d'extraction majeur est actuellement en maintenance : il s'agit du champ de Buzzard, un des plus importants de la mer du Nord, qui produit actuellement moins d'un quart de sa capacité de production. Ce qui permet au brent de mieux résister à crise financière.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.