« Canal voudrait un peu plus de comédies et de films d'horreur »

Manuel Alduy, directeur du Cinéma de Canal plusChaque année, plus de la moitié des films français produits a bénéficié d'un achat en amont de Canal Plus avec un apport moyen de 1,3 million d'euros par film. L'investissement du groupe Canal Plus dans les films agréés par le CNC en 2009 avoisine les 200 millions d'euros, sur un total de devis de 1,1 milliard. Quels ont été les effets de la crise de 2009 sur la production cinéma française ? Les projets ont plus de mal à boucler leurs plans de financement. En 2009, 25 projets de films sur lesquels Canal Plus avait accepté de faire un préachat ont été soit reportés, soit abandonnés. La chaîne Canal Plus a préacheté 105 films français mais dépensé 7 millions de moins qu'en 2008. Une somme que nous reportons sur 2010. Les producteurs ont plus de mal à obtenir les engagements de distributeurs en salles, à trouver des à-valoir sur les ventes à l'étranger. Les films à petits budgets, ceux à moins de 4 millions d'euros par exemple, sur lesquels Canal Plus s'engage au titre d'une clause de diversité, ne sont pas touchés : il y a toujours autant de projets et aussi peu d'élus, mais les guichets - aides régionales, Canal Plus ou Arte - sont restés stables. En revanche, sur les budgets plus importants, où l'intervention d'une seconde chaîne de TV hertzienne devient nécessaire, c'est plus difficile. 2010 s'annonce-t-elle meilleure ? Les guichets de financement des chaînes hertziennes en clair vont être en baisse. Ni la TNT, ni la vidéo à la demande n'ont pris le relais et Canal Plus sera stable, au report de l'an passé près. Donc la tendance va rester la même. Habituellement, quand on arrive à Cannes, on a déjà fait le plein de films français sur lesquels investir notre enveloppe annuelle de préachat [l'obligation de Canal Plus est d'investir 9 % de ses recettes de l'exercice précédent en acquisition de films français, Ndlr], soit environ 150 millions d'euros pour 105 à 120 films. Cette année, avant le Festival, nous avions signé 100 préachats pour 2010, parmi lesquels une vingtaine de reports de l'année passée. L'heure de vérité sonne à Cannes. Après, on sait si un film pourra se monter et être tourné avant la fin de l'année. C'est-à-dire s'il a un scénario bouclé, un casting, un réalisateur, un devis arrêtés et surtout l'accord d'un distributeur. Face à l'affaiblissement des financements des chaînes hertziennes ou des distributeurs, quelles pourraient être les ressources alternatives pour le cinéma français ? Je ne crois pas que les sites collaboratifs, qui incitent les internautes à participer au financement d'un film, ou les services de vidéo à la demande, soient une réponse suffisante. Le coût des films devra sûrement baisser et les coûts d'interprétation revenir à la réalité du marché français. Les films les plus rentables ne sont pas toujours les films plus chers. La production française raisonne trop systématiquement avec une logique d'auteur qui a un projet et va ensuite chercher des financements. Pour certains films, bâtis dans la logique de faire des entrées, on devrait d'abord s'interroger sur le potentiel de spectateurs et donc de recettes, et en déduire le budget.Artistiquement, le cinéma français répond-il à vos demandes ? On voudrait un peu plus de comédies, de films d'horreur aussi, et de films de genre comme des polars. Mais il y a toujours une énorme richesse de projets et de plus en plus diversifiés. Il n'y a plus de genres interdits ou de sujets tabous en prise avec une actualité récente. Comme le projet sur Omar m'a tuer, ou l'affaire d'Outreau. Mais aujourd'hui, nous ne cherchons pas des projets, seulement des confirmations sur ceux que nous avons déjà choisis. Propos recueillis par Isabelle Repiton
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