La défense de Kerviel instille le doute... mais seulement le doute

Ça n\'a pas été la grande révélation, la preuve indiscutable et irréfutable, dans le style d\'une conversation enregistrée qui dirait : « On va faire sauter Kerviel pour masquer notre paume sur les subprimes », avec, dans le rôle du « On », un ponte de la Société Générale. Ca, ce serait le scénario idéal pour la défense de l\'ancien trader, condamné en 2010 à cinq ans de prison et à 4,9 milliards d\'euros de dommages et intérêts, et dont le procès en appel à débuté le 4 juin.Reste qu\'avec son fameux témoin-clé, censé accréditer la thèse d\'un complot ourdi par la Générale contre Jérôme Kerviel, Maître David Koubbi, le bouillant avocat du jeune homme, a instillé jeudi un doute sur l\'ignorance de la banque quant aux agissements de son trader. Un doute bienvenu pour une défense jusqu\'alors plutôt à la peine face à l\'intraitable présidente de la Cour d\'appel, Mireille Filippini, aucunement charmée par le côté jeune chien fou de Maître Koubbi.Ne pas voir était  \"techniquement impossible\" Avec ses grosses lunettes à monture noire, son allure un peu empruntée, sa petite voix et son salaire de 2.000 euros par mois, le témoin en question, Philippe Houbé - salarié depuis 1993 de Newedge (ex-Fimat), filiale de courtage de la Société Générale - est à mille lieues des anciens patrons de Jérôme Kerviel, qui l\'ont précédé quelques heures plus tôt dans cette même Première chambre de la Cour d\'appel de Paris. Mais il a tenu bon, Philippe Houbé, affirmant que « ne pas voir les opérations fictives de Jérôme Kerviel [destinées à masquer son énorme gain de 1,5 milliard d\'euros réalisé en 2007 et, partant ses prises de postions de plusieurs milliards sur les marchés ; Ndlr] était techniquement impossible et réglementairement interdit». Pour la simple raison qu\'Eurex, la bourse de produits dérivés sur laquelle opérait Jérôme Kerviel, adresse régulièrement à Newedge-Fimat un résumé de la situation des comptes de chaque trader, résumé que la filiale de courtage envoie quotidiennement à la Société Générale.Une tranquille assuranceCertes, Claire Dumas, la représentante de la Société Générale, toujours calme, méthodique et précise, rétorque que Newedge-Fimat n\'ayant accès qu\'à une partie des comptes de la Société Générale, il était impossible à Philippe Houbé d\'avoir une vue d\'ensemble des opérations de Jérôme Kerviel. C\'est avec la même tranquille assurance que Claire Dumas récuse la thèse de l\'homme, selon laquelle la Société Générale, en débouclant les énormes positions de 50 milliards d\'euros de Jérôme Kerviel, du 21 au 23 janvier 2008, aurait alourdi les pertes imputables au trader, afin de masquer celles de la banque sur les subprimes.Cordelle et Rouyère à la barre lundiIl n\'en reste pas moins que Jérôme Kerviel n\'est désormais plus seul à prétendre que la Générale savait tout de ses agissements depuis le début, et qu\'elle a peut-être même voulu lui faire porter le chapeau de ses propres erreurs sur les subprimes (crédits hypothécaires américains à risque). Les témoins qui seront appelés à la barre lundi auront bien moins d\'empathie pour l\'ancien trader. Comparaîtront en effet ses anciens responsables directs, Eric Cordelle (N+1) et, surtout, Martial Rouyère (N+2), qui savait « pertinemment » ce que Jérôme Kerviel faisait, soutient ce dernier. L\'atmosphère promet d\'être très tendue.  
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