Les jeunes en arbitres du bras de fer

Ce n'était pas les plus attendus sur le sujet des retraites. Pourtant ils sont bien là, mettant dans l'embarras le gouvernement qui place désormais tous ses espoirs dans les vacances de la Toussaint. Instrumentalisés ? Stimulés à l'idée d'avoir, eux aussi, comme toute génération lycéenne, leur lot de manifestations ? Réellement sensibilisés à la question des retraites ? Génération sacrifiée inquiète pour son avenir ? Un peu de tout cela à la fois, le spectre de la manipulation ayant toujours bon dos en pareil cas. « double peine »« Le mouvement n'aurait jamais pris si les jeunes n'avaient pas conscience des difficultés professionnelles qui les attendent », estime Thierry Caddart, secrétaire général du Sgen-CFDT. Pour Bertrand Monthubert, secrétaire national du PS à l'enseignement supérieur, les jeunes ont le sentiment d'une « double peine » : une entrée plus tardive et plus difficile sur le marché du travail, avec des taux d'insertion professionnelle en berne (les lycées professionnels sont en pointe dans le mouvement), et l'obligation d'une durée d'activité plus longue pour pouvoir liquider leur retraite. Sans compter un sentiment de mépris de la part des politiques. « Les premières victimes de la réforme restent invisibles », dénonce ainsi la Jeunesse ouvrière chretienne. Une attitude qui, selon l'Unef, se retourne contre le gouvernement, « qui ne laisse d'autre choix aux jeunes que d'amplifier leur mobilisation ». Clarisse JayLes lycéens attisent les tensionsLes lycéens sont sortis dans la rue et cela se voit. Depuis une dizaine de jours, les blocages se multiplient. Selon le ministère de l'Education, 306 lycées étaient perturbés vendredi (soit 7 % du total), contre 342 jeudi, alors que l'Union nationale lycéenne en dénombrait 900 (21 %). Plusieurs actions ont eu lieu un peu partout (Toulouse, Marseille, Lyon, La Rochelle, Ile-de-France), souvent émaillées d'incidents. « La montée du mouvement lycéen a été très rapide et très crispée », remarque Thierry Cadart, du Sgnen-CFDT. Une crispation palpable à tous les niveaux : fermeté du gouvernement, forces de l'ordre sur les dents, académies qui enjoignent par courrier les parents de dissuader leurs enfants de manifester... Pour l'heure, le mouvement reste inégal, mais les fédérations lycéennes appellent à maintenir la mobilisation. Pour Frédérique Rollet, du Snes-FSU, la poursuite de la contestation lycéenne dépendra de la persistance du mouvement général.Les étudiants amplifient leur actionDans l'ombre des blocages de lycées, les étudiants paraissent être entrés dans le mouvement plus lentement (ils ont pour la plupart effectué leur rentrée plus tard). Là aussi, tout exercice d'évaluation est dangereuse. A tel point que certains présidents d'université se refusent à commenter cette question. Mais certains responsables politiques et syndicaux constatent une montée en puissance « jour après jour ». Au vu des assemblées générales et des manifestations, l'Unef anticipe une amplification. Une intersyndicale (CGT, FSU, Solidaires, Unef, Unsa, SLR, SLU) a appelé vendredi les personnels et étudiants de l'enseignement supérieur et de la recherche à « renforcer la mobilisation ». « Au-delà de la question des retraites, les étudiants se battent pour la reconnaissance de leurs années d'études », observe Stéphane Tassel, du Snesup-FSU.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.