Bataille à couteaux tirés pour le rang de numéro un mondial

S'il est une opération qui reflète l'importance croissante de la sécurité informatique pour les mastodontes de la high-tech, c'est bien le rachat de McAfee par Intel. Le premier fabricant de semi-conducteurs au monde a déboursé 7,7 milliards de dollars, fin août, pour s'emparer de l'éditeur américain d'antivirus et autres logiciels de sécurité. Un montant près de quatre fois supérieur au chiffre d'affaires du groupe, certes numéro deux mondial de son secteur derrière son compatriote Symantec et fort d'un taux de marge brute de l'ordre de 15 %. Offre combinéeL'opération est en cours de finalisation, mais il est d'ores et déjà acquis que Paul Otellini, président d'Intel, a trouvé en David DeWalt, patron de McAfee, son meilleur commercial. « Grâce au rapprochement avec Intel, nous allons commercialiser des produits incroyables au cours des prochains mois », s'est-il enthousiasmé la semaine dernière à Las Vegas (États-Unis), où le groupe réunissait, comme chaque année, ses clients et ses distributeurs, et où « La Tribune » était invité. Plus posément, Paul Otellini a invoqué les avantages d'une offre de sécurité informatique combinant hardware (matériel) et software (logiciel) pour expliquer la mainmise d'Intel sur McAfee. Sans oublier la multiplication et la sophistication des cyberattaques tel le récent virus Stuxnet, qui font de la sécurité informatique un marché des plus porteurs (lire ci-dessus). Portefeuille élargiPaul Otellini a par ailleurs tenu à rassurer les quelque 2.000 clients et partenaires de McAfee présents à Las Vegas, nombreux à s'interroger sur les conséquences de la reprise du groupe par Intel : « McAfee est certes appelé à devenir une filiale d'Intel, mais il n'est pas question de faire dévier le groupe de son coeur de métier, à savoir la sécurité informatique. » Mieux, passer sous la coupe d'une entreprise aussi riche qu'Intel permettra à McAfee d'accélérer l'élargissement de son portefeuille de produits et, partant, de refaire tout ou partie de son handicap par rapport à Symantec, estiment plusieurs analystes. L'écart de chiffre d'affaires est de un à trois (1,9 milliard de dollars pour McAfee et 6 milliards pour Symantec) mais la dynamique est du côté du challenger (+ 20 % en 2009 contre ? 3 %).Le handicap est par exemple comblé dans la sécurisation des équipements mobiles, le relais de croissance des fabricants d'antivirus : McAfee a dévoilé cette semaine une nouvelle solution, baptisée McAfee Enterprise Mobility Management 9.0, qui permet aux entreprises de sécuriser l'usage professionnel que leurs collaborateurs font de leurs smartphones, tablettes tactiles et autres netbooks (mini-ordinateurs) personnels. Cette solution de sécurisation des équipements mobiles, qui repose, entre autres, sur un processus d'authentification et d'effacement des données professionnelles en cas de perte de l'appareil, « est nettement plus avancée que celle de Symantec », approuve l'analyste d'un cabinet de recherches américain. Et si McAfee est parvenu à développer ce produit, c'est notamment grâce au rachat, cette année, de son concurrent Trust Digital, spécialisé dans la sécurité des smartphones. Une preuve supplémentaire de la vertu des acquisitions. C. L.
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