Les pics atteints ces derniers jours par l'or sont venu relancer l'éternel débat sur sa fonction dans l'économie. Il oppose d'un côté, ceux qui voient en lui la seule et véritable boussole pour l'économie ? l'étalon or ? évitant les crises créées par les dérives monétaires. Qui plus est l'or possède des propriétés physiques rares, il est très malléable, indestructible, et insensible à l'oxydation, bref il est éternel comme les dieux. De l'autre côté, on trouve ceux qui n'y voient qu'« une relique barbare », selon le célèbre mot de Keynes, qui n'a pas sa place dans une économie trop complexe pour reposer sur un seul métal à la production annuelle relativement stable mais faible. L'explosion du crédit qui a assuré une formidable croissance économique depuis près de quarante ans n'aurait sans doute pas été possible sous la férule de l'étalon or.Pourtant, au XIXe siècle, l'économie mondiale à la croissance respectable reposait sur un système monétaire qui permettait à chacun de convertir ses billets de papier en pièces d'or, il suffit de lire, par exemple, Balzac. À l'époque, le dollar américain s'échangeait pour un vingtième d'once d'or. Le système était fixe, et contraignant pour tout le monde. Cette belle stabilité a commencé à se fissurer avec les guerres mondiales. Ces exceptions qui bousculent l'économie coûtent cher à financer dans un laps de temps réduit, poussant les gouvernements à abandonner la contrainte de l'étalon or.Après la grande crise économique des années 1930 et le désordre monétaire, les autorités ont voulu revenir à l'étalon or quoi que la Grande-Bretagne abandonne l'étalon or dès 1931. Au sortir de la guerre, une ultime tentative voit le jour à Bretton Woods, avec un lien dollar-or sous l'équivalence d'une once à 35 dollars. Mais ce nouveau système n'a pu tenir en raison de l'inflation qui se propageait dans les différents pays, obligeant les uns à vendre leurs dollars pour acquérir de l'or et les États-Unis ? il était formellement interdit au citoyen américain de détenir du métal jaune ? à céder de l'or pour éviter de réévaluer le dollar.Devenus première puissance économique, les États-Unis ont tenu jusqu'en 1971. C'est le président Richard Nixon qui émancipe leur monnaie de l'or. Ce sera désormais le jeu de l'offre et de la demande sur le marché libre des devises qui fixera le cours du dollar et de quelques autres monnaies. Les tenants de l'or y voient là le début des problèmes de l'économie mondiale, notamment l'inflation et la fâcheuse tendance des États-Unis à vivre au-dessus de leurs moyens, grâce à la suprématie du dollar qui leur donne le monopole de la planche à billets. Avec la crise, va-t-on assister au retour de l'étalon or comme base du système monétaire mondial ? Rien n'est moins sûr tant le système de la finance internationale est devenu complexe à maîtriser. Avec la faiblesse persistante du dollar, le débat apparu ces derniers temps sur la nécessité de se référer à une monnaie internationale susceptible d'apporter une certaine stabilité dans la valeur des échanges internationaux ne se focalise pas sur l'or, mais sur un panier réunissant plusieurs devises comme le dollar, l'euro, le yen, le yuan mais aussi l'or et le pétrole. Même si ce n'est pas le retour à l'étalon, cela n'en reste pas moins une belle revanche pour le métal jaune.Robert Jule

latribune.fr

18 Nov 2009, 1:43

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