Bic part en guerre contre le laxisme des douaniers néerlandais

À force de courir les ports européens, du Pirée à Rotterdam ou Hambourg, François Clément-Grandcourt connaît tout des services des douanes et du contrôle qualité dans l'Union. Mais son vrai métier est de fabriquer des briquets. Pour son groupe, Bic, l'adoption de normes européennes très strictes, obligatoires depuis 2008, aurait du être le point de départ d'une reconquête du marché. L'occasion, pour lui comme pour ses rivaux Swedish Match et Flamagas, de profiter de leur savoir-faire industriel. Depuis des années, hauteur de flamme, vitesse d'extinction, taux de remplissage sont en effet passés au crible des systèmes de qualité interne des usines Bic de Tarragone et Redon, en Bretagne. À l'inverse, la majorité des briquets importés d'Asie ne passent pas les tests de sécurité. Mais, en pratique, les choses se sont passées autrement. Des centaines de millions de briquets chinois non conformes continuent d'affluer sur le marché européen (de 1,2 milliard de pièces par an), échappant aux contrôles douaniers. « S'il n'y a pas d'amélioration d'ici à 2012, la décision européenne risque de s'avérer contre-productive », dit-il. Bic a déjà licencié 50 personnes sur son site espagnol.En septembre, Bic a décidé de porter plainte auprès de la Commission contre les Pays-Bas. En cause : les ratés du contrôle des importations par la VWA, la DGCCRF néerlandaise, à Rotterdam. « C'est à regret que nous faisons cette démarche », explique l'industriel. La Grèce a déjà renvoyé des containers de produits non conformes, les Espagnols sont actifs, les Allemands font des efforts mais, dit-il, « les Pays-Bas ne font pas leur travail ». Or, une fois dédouanés, souvent en échappant aux droits anti-dumping européens, les briquets dangereux inondent l'Europe à des prix dérisoires, annihilant les efforts des douanes méridionales.Normes obligatoiresPour la Commission, cette affaire est aussi un problème de sécurité. En 2006, près de 2.000 personnes, dont de nombreux enfants, ont été grièvement blessées à cause de briquets déficients, une quarantaine sont mortes. Bruxelles avait déclaré l'urgence et transformé les normes volontaires en normes obligatoires. Mais sans la coopération des douanes nationales, la mesure reste inefficace. « L'Union européenne est consciente du problème », indique un porte parole de la Commission, en soulignant la responsabilité des importateurs. Bic espère que John Dalli, le commissaire en charge de la santé et de la protection des consommateurs, prendra le taureau par les cornes. À Bruxelles, le dossier est pour l'instant à l'examen. Florence Autret, à Bruxelle
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