Les paradis fiscaux nourrissent la corruption

omètreTransparency International a publié hier son indice annuel de perception de la corruption. Sans surprise, les pays pauvres ou en guerre comme la Somalie ou l'Afghanistan sont perçus comme les plus corrompus. Tandis que les pays développés, comme la Nouvelle-Zélande, le Danemark ou encore Singapour figurent en tête de liste du classement. Les milieux d'affaires et les experts interrogés pour élaborer ce baromètre considèrent que les élites politiques et les administrations de ces pays ne cèdent pas facilement aux sirènes des commissions ou du bakchich. Au jeu du classement, la France arrive au 24e rang derrière la Barbade ou le Qatar.Rien de bien neuf sous le soleil. En caricaturant à peine, les pays pauvres seraient abonnés à la corruption tandis que les pays riches auraient réussi à mettre le fléau sous contrôle. Mais Transparency International, qui publie cet indice depuis 1995, en relativise pour la première fois la portée. « L'argent corrompu ne doit pas pouvoir trouver des zones de refuge. Il est temps d'en finir avec les excuses », estime la présidente internationale, Huguette Labelle.une opacité organiséeL'organisation pointe notamment du doigt le secret bancaire qui « pèse sur les efforts visant à combattre la corruption et à récupérer les avoirs volés ». Or de nombreux paradis fiscaux pratiquant un solide secret bancaire arrivent en tête de classement des pays les moins corrompus. C'est notamment le cas de Singapour (3e), la Suisse (5e), Hong Kong ou le Luxembourg (12e). Or la corruption se loge bien souvent derrière l'opacité soigneusement organisée des paradis fiscaux. Le secret bancaire ou les trusts constituent des paravents formidables pour les opérations de corruption.« Abacha au Nigeria, Mobutu au Zaïre, Bongo au Gabon, l'entourage du président angolais, Dos Santos, l'ancien président russe Eltsine, la CDU allemande d'Helmut Kohl, la société pétrolière française Elf Aquitaine ont en commun d'avoir utilisé les mêmes juridictions et mécanismes pour blanchir les recettes des pots de vin, trafics d'armes, caisses noires et fonds détournés », rappelle un rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). Ces montages passaient toujours à un moment ou un autre par de sympathiques paradis fiscaux dotés d'une solide administration et de régimes tout à fait démocratiques. Xavier Harel
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