Dans l'attente du dénouement de la crise celte, les vendeurs d'euros restent mobilisés

L'histoire ne ressert jamais exactement les mêmes plats. Dans l'acte 2 de la tragédie de la dette souveraine de la zone euro, le mouvement de repli de la monnaie unique face au dollar a été très rapide et brutal. En moins de quinze jours, l'euro est retombé de 1,4280 le 4 novembre à 1,3445 dollar le 17, soit une dégringolade de près de 6 % de sa valeur. Le spectre d'un défaut de paiement de l'Irlande et de la contamination de la crise aux autres « PIIGS », à commencer par le Portugal, a aiguisé la défiance des investisseurs. Et chacun sait que l'histoire n'est pas terminée, tant les incertitudes demeurent sur le financement de l'abyssal déficit budgétaire de Dublin, évalué à 32 % du PIB de l'île et le devenir de son système bancaire exsangue. L'Acte 1, qui avait démarré fin 2009, avec la Grèce dans le rôle phare, s'était étalé sur six mois, jusqu'à ce que, au terme d'une cacophonie dantesque, les seize pays de la zone euro et le FMI constituent le fameux ESFS, le fonds européen de stabilité financière le 7 juin, auquel l'Irlande hésite aujourd'hui à avoir recours, pour éviter de se mettre sous la tutelle des instances internationales. La dérive de l'euro avait été plus lente mais néanmoins inexorable : il avait reculé de 1,4515 dollar à la mi-janvier à 1,1880 dans la première décade de juin, soit une dévalorisation de 18 % en un peu moins de six mois. On n'en est cependant pas là, car les mécanismes de soutien des économies en difficultés ont désormais le mérite d'exister et parce que les fondamentaux économiques ne sont plus les mêmes. Lors de la première phase, le marché croyait mordicus que l'économie américaine s'était durablement remise sur les rails d'une croissance créatrice d'emplois qui n'a pas tenu ses promesses, alors que celle de la vieille Europe était condamnée à une croissance molle. Le diagnostic s'est ensuite inversé à la lumière du coup de froid sur l'économie de l'oncle Sam, au moment où l'Europe annonçait des performances inattendues au deuxième trimestre, entraînant une lourde rechute du dollar. Jusqu'à ce que la Réserve fédérale américaine annonce un nouveau plan de soutien massif de l'activité, via un programme de rachat de 600 milliards de dollars d'emprunts d'Etat et que la crise souveraine en Europe ne rebondisse.Jours sombresUn constat s'impose : sur le marché à terme les positions longues - acheteuses - en euros des fonds d'investissements sont encore légion, selon les statistiques de la CFTC, le régulateur américain. Or, au moment du début de la reprise de l'euro fin juin, les positions courtes - vendeuses -, qui ne demandaient qu'à se retourner, atteignaient des records historiques. L'euro a donc sans doute encore des jours sombres devant lui. Isabelle Croizard
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