Ce Français qui redresse le Liberty à Londres

distributionDerrière la vitre, les restes d'un réveillon un peu trop arrosé, une pile d'assiettes entassées à la va-vite sur un coin de table, un morceau de Christmas Pudding abandonné et quelques verres à moitié vide. La scène à l'ambiance très décadente est la vitrine de Noël de Liberty, le fameux grand magasin londonien ouvert depuis cent trente-cinq ans.renouer avec l'avant-gardeCette année, le thème symbolise parfaitement l'atmosphère d'une Grande-Bretagne touchée par sa pire crise depuis un demi-siècle. Mais cette justesse de ton, collant à l'humeur des clients, est nouvelle. Après avoir été le summum de l'avant-garde de la mode jusque dans les années 1970, Liberty avait progressivement décliné. Au début du millénaire, il était devenu une enseigne comme une autre, et les pertes s'accumulaient.Depuis deux ans pourtant, Liberty s'est réveillé. Au premier semestre 2009, malgré la crise, Liberty (possédé à 68 % par MWB Group, une société d'investissement en immobilier commercial) a réalisé son premier bénéfice opérationnel depuis vingt ans (de seulement 80.000 euros) et un chiffre d'affaires en hausse de 18 %, à 28 millions. L'équilibre des comptes est attendu d'ici à trois ans au plus tard. Derrière cette transformation, un Français, Geoffroy de la Bourdonnaye, qui dirigeait auparavant la maison Christian Lacroix quand elle appartenait à LVMH. Grand, fin, écharpe en permanence autour du cou, il a, depuis l'été 2007, entrepris de redonner au magasin son image d'avant-garde de la mode, ce qui lui a valu de recevoir jeudi soir le prix Français of the Year, catégorie homme d'affaires (*).« À sa création, on venait à Liberty chercher des choses qu'on ne trouvait pas ailleurs, explique-t-il. L'idée est de refaire de l'enseigne un incubateur de talents. » Comment ? D'abord en changeant profondément l'offre. Les produits pour la cuisine ont été supprimés et l'espace dédié à la mode femme a doublé. Plusieurs marques trop banales ont disparu, tandis que d'autres, dénichées notamment à la semaine de la mode de Londres, ont été sélectionnées. La décoration du magasin a été refaite aussi : davantage d'espace entre les rayons et des murs blancs, un meilleur éclairage?Geoffroy de la Bourdonnaye, 53 ans, veut aussi faire rayonner la marque au-delà du seul magasin. La marque Liberty of London, déjà présente dans 80 magasins, a signé une série de partenariats : Isetan au Japon, Target aux États-Unis, Corso Como en Italie. Un autre sera annoncé en France prochainement. À chaque fois, des objets sont spécialement réalisés pour l'occasion, signés Liberty of London. Si cette marque représente à peine plus de 5 % du chiffre d'affaires, elle est appelée à croître. « Les gens retournent à la tradition, estime Geoffroy de la Bourdonnaye. Les grandes marques qui ont survécu, comme Burberry et Hermès, ont le vent en poupe. » n(*) Ce prix est décerné par l'association Grandes écoles City Circle à des Français de Grande-Bretagne. Les autres vainqueurs sont : Nicolas Anelka (catégorie sportif), Raymond Blanc (cuisinier) et Roland Mouret (artiste).
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.