Colin Firth : « Les histoires de solitudes m'attirent irrémédiablement »

Le comédien révèle l'étendue de son talent dans le premier film de Tom Ford, « A Single Man » (en salles, mercredi 24 février) pour lequel il a obtenu un prix d'interprétation au dernier festival de Venise. On le savait excellent comédien. Colin Firth explose aujourd'hui à l'écran sous la direction de Tom Ford. Car il n'est plus ici question, pour lui, de jouer les amoureux un peu gauches des meilleures comédies romantiques de ces dernières années. Mais d'interpréter un professeur d'université de Los Angeles, incapable de reprendre goût à la vie après la mort de son compagnon. Un film magnifique, mené d'une main de maître, sur lequel l'acteur se confie.Qu'est-ce qui vous a décidé à accepter de jouer dans « A Single Man » ?J'étais d'abord intrigué par le fait que Tom Ford veuille changer de voie. Contrairement aux sceptiques, je trouve ça très excitant. Le connaissant un peu, je savais qu'il n'est pas frivole. Je suis ensuite tombé amoureux du roman de Christopher Isherwood, « Un homme au singulier ». Les histoires de solitudes m'attirent irrémédiablement. Ceux qui vivent dans les sociétés urbaines y sont condamnés.Avez-vous eu le sentiment de participer à quelque chose de différent de ce que vous aviez fait auparavant pendant le tournage ?Oui et non. D'un côté, j'ai fait ce que je fais habituellement : suivre le scénario. Je n'ai jamais été aussi peu préparé. Et puis, pendant le tournage, j'ai reçu un autre scénario. Pas mauvais, mais... il m'est apparu banal. Et c'est là que j'ai compris que nous faisions quelque chose d'unique. Je crois n'avoir jamais été aussi libre sur un plateau. Il y avait comme une évidence dans ce que nous faisions, sachant que Tom maîtrisait totalement le ton, le rythme et l'esprit de son film.Comment expliquer la maîtrise qu'il a du 7e art ?Il a un sens visuel extraordinaire. Et il en connaît plus sur le cinéma que moi. C'est aussi un lecteur exceptionnel. Sans parler du fait qu'il a été un leader pendant très longtemps, exerçant son imagination sur beaucoup de gens, persuadant ses collaborateurs qu'ils pouvaient donner le meilleur d'eux-mêmes, qu'il les avait choisis pour leur talent. C'est comme ça que je me suis senti à ses côtés.Le film se passe en 1962. Quelle image gardez-vous des sixties ?Mon personnage me rappelle mon père, qui était lui aussi professeur d'université. Mais c'est surtout la musique de ces années-là que je garde en mémoire : le jazz, les protest songs, Piaf. Le rock et le flower power n'ont jamais franchi les portes de notre maison. Mais les années 1960, c'était aussi la crise des missiles. Les gens étaient persuadés qu'ils pouvaient être rayés de la carte d'une seconde à l'autre. Moi j'ai eu ce sentiment à la fin des années 1970, quand Reagan et Brejnev s'affrontaient. Il n'y a pas longtemps, un jeune homme m'a dit craindre de voir le monde disparaître à cause des problèmes climatiques.Propos recueillis par Yasmine You
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.