Peter Garrett, un ministre écolo qui déchante

Peter Garrett a eu chaud. Le ministre australien de l'Environnement a bien réussi à sauver son portefeuille des flammes, mais sa gestion pyromane de la prime à l'isolation semble avoir fini de consumer le peu de crédibilité qu'il pouvait encore avoir dans son pays. Depuis quelques mois, ce ne sont plus les lits qui prennent feu en Australie, comme le hurlait à l'époque le chanteur de Midnight Oil dans « Beds are burning », mais les toits de 94 maisons, tous isolés grâce à la prime lancée par le ministre en juillet 2009. Également reconnu responsable de quatre morts par électrocution, le programme a dû être arrêté en février dernier par un Peter Garrett obligé de jouer au pompier de service. Un nouveau retour de flamme pour l'ancien artiste-activiste préféré du pays, qui n'a jamais vraiment convaincu dans son costume sombre de ministre.Depuis qu'il a quitté les Oil en 2003 pour brûler les planches de la scène politique l'année suivante, Peter Garrett collectionne les ennuis aussi sûrement qu'il perd ses amis. Grillé pour toujours auprès de ses fans de la première heure et de ses anciens compagnons écolos pour avoir rejoint le parti travailliste, il est aujourd'hui mis à l'index dans son propre camp. Même Kevin Rudd, le chef du gouvernement, semble aujourd'hui lassé des approximations de son ministre. Le Premier ministre lui a conservé sa confiance, mais en réduisant au minimum ses prérogatives pour éviter les départs de feu jusqu'aux élections fédérales de novembre prochain.Nommé à l'Environnement en 2007, pour reverdir le gouvernement, Peter Garrett « n'a jamais su créer l'étincelle nécessaire aux grandes réformes », regrette un observateur des coulisses fédérales. Habitué à enflammer les salles, l'ancienne bête de scène n'a pas su trouver son public à Canberra. Peinant à caser son double mètre sur les bancs du Parlement, le grand chauve a toujours paru emprunté, incapable de trouver le ton juste. Accusé d'incompétenceSes discours de ministre, forgés sur l'enclume du compromis, ont souvent contredit les brûlots engagés du chanteur et attisé les rancoeurs dans l'électorat de gauche du pays. Vite débordé par sa propre administration et accusé régulièrement d'incompétence par ses adversaires politiques, son bilan est jugé désastreux par ses amis travaillistes, qui lui reprochent « sa gestion précipitée des dossiers ». Avant que la prime à l'isolation ne passe à la trappe, son programme de crédits pour l'achat d'équipements estampillés écologiques a été réduit en cendres par le Sénat et sa subvention sur les panneaux solaires est partie en fumée pour cause de concurrence déloyale avec les autres énergies renouvelables. Les objectifs ambitieux, fixés en matière d'Environnement par le gouvernement à son arrivée au pouvoir, sont donc loin d'être tenus. Au point que les parlementaires de la majorité n'hésitent plus à parler « d'erreur de casting ». À trop avoir joué avec le feu, Peter Garrett s'est brûlé les ailes, mettant sans doute un terme définitif à son ascension politique.
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