Fébrilité autour de la dette espagnole

« Qu'ils me fassent des croche-pattes à moi, mais qu'ils n'en fassent pas à l'Espagne », a réagi José Luis Rodriguez Zapatero ce week-end à propos des déclarations de son prédécesseur à la tête du gouvernement espagnol, José María Aznar et du chef de file de son Parti populaire (PP), Mariano Rajoy. Aznar avait estimé, la semaine dernière, lors d'une conférence aux États-Unis, qu'il serait « très compliqué » pour l'Espagne de rembourser sa dette. L'Espagne est endettée à hauteur de 62 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) et son déficit s'élevait à 9,2 % du PIB en 2010.Ces propos ont suscité l'indignation du gouvernement socialiste, le ministre des Travaux Publics José Blanco qualifiant l'ancien chef de l'éxécutif conservateur d' « ambassadeur anti-Espagne ». Le coordinateur économique du PP, Cristobal Montoro, a pourtant confirmé les propos d'Aznar lundi en affirmant que l'Espagne « a déjà des difficultés à payer sa dette ». Le PP aime à rappeler les succès de la politique budgétaire d'Aznar, dont la loi de « stabilité budgétaire » de 2001, qui restreignait fortement les possibilités de déficit budgétaire des administrations publiques. La loi avait été abrogée par le gouvernement Zapatero en 2007. Toutefois, dans le contexte de la crise de la dette, l'éxécutif socialiste prévoit de conditionner les dépenses publiques à la croissance du PIB à moyen terme.Doutes des investisseursSans jouer les oiseaux de mauvais augure tout en essayant de marquer des points pour les élections locales du 22 mai prochain, Mariano Rajoy a affirmé que l'Espagne n'aura pas besoin du secours de l'Union Européenne mais a critiqué lundi la politique économique du gouvernement socialiste. Les socialistes appellent quant à eux à défendre l'Espagne sur la scène internationale, alors que les doutes des investisseurs sur la solvabilité de l'économie du pays sont revenus en force. La possible restructuration de la dette grecque et les doutes sur la participation finlandaise au sauvetage portugais ont ravivé leurs inquiétudes sur la quatrième économie de la zone euro. Ainsi, le Trésor espagnol n'a réussi à émettre un emprunt lundi que de 4,6 milliards d'euros, en bas de la fourchette prévue, et à un taux plus élevé. Par ailleurs, la prime de risque grimpait à 230 points, à 5,6 %, son niveau le plus élevé depuis 2000.Gaëlle Lucas, à Madrid
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