Vivendi, étrange partie civile du procès Messier

cite>Vivendi a enfin pris la parole lors du procès de Jean-Marie Messier devant le tribunal correctionnel. Dans ce procès, le groupe est partie civile, c'est-à-dire du côté des victimes. « Nous sommes du côté des actionnaires, contre Messier et Hannezo », assurait le président du conseil de surveillance, Jean-René Fourtou, lors de la dernière assemblée générale. Mais, en pratique, les avocats du groupe sont très peu intervenus durant les débats, sans jamais chercher de noises à l'ex-PDG, et même le plus souvent pour abonder dans son sens. Pas un euro Les réquisitions ont débuté vendredi, et il a bien fallu que Vivendi s'exprime enfin. Hervé Pisani, l'un des avocats de Vivendi, n'a plaidé ni la condamnation ni la relaxe de J2M, et ne lui a pas réclamé un euro. « Vivendi a certes subi un préjudice d'image, mais le marché n'a pas été pénalisé, donc Vivendi ne considère pas les griefs poursuivis et méritent des dommages et intérêts », a estimé Me Pisani. Sur la quasi-totalité des points, il s'en est remis à l'appréciation des juges. Il a juste plaidé implicitement la relaxe sur un point : l'accusation de manipulation de cours, pour laquelle sont aussi jugés le trésorier de Vivendi et son adjoint de l'époque, qui occupent toujours ces mêmes fonctions aujourd'hui. « L'audience a prouvé que le renvoi en correctionnelle procède sans doute d'une interprétation erronée des faits », a estimé Me Pisani. Contrat de départ Sa seule - et fugace - critique a porté sur le contrat de départ de J2M. « Dès le départ, la nouvelle direction de Vivendi a jugé que ce contrat n'était pas légal, car il n'avait pas été approuvé au préalable par le conseil d'administration, un argument relativement imparable. C'est l'honneur de Vivendi de s'être battu bec et ongles pour que M. Messier ne touche pas un centime d'euro de ce contrat. Le conseil d'administration de Vivendi considérait comme choquant de payer les indemnités prévues par ce contrat. » Tant bien que mal, Me Pisani a surtout tenté de justifier sa présence sur le banc des parties civiles, aux côtés des petits porteurs lésés : « Vivendi s'est constitué partie civile pour prendre part à la manifestation de la vérité. Mais il y a aujourd'hui une certitude : Vivendi n'a pas été confronté à une fraude généralisé. Le départ de M. Messier n'est pas la conséquence d'une fraude, mais d'une crise de confiance dans le management. » Pour les salariésIl a aussi assuré que les actionnaires « sont au centre des préoccupations du groupe », et « se battre aussi pour les salariés » du groupe. L'avocat du groupe de télécoms et de communication a pris soin de préciser que, même dans le cas où les prévenus seraient reconnus coupables, ce qui leur est reproché, « n'a eu aucun effet sur le cours », et donc n'a créé « aucun préjudice ». Au cas où l'on viendrait réclamer des dommages au groupe... De toute façon, la marge de manoeuvre de Vivendi était étroite. Si le groupe avait accablé la gestion de J2M, cela aurait pu être utilisé dans le procès de la « class action » aux Etats-Unis, où le groupe a préféré faire défense commune avec son ex-PDG et ne rien reprocher à sa gestion à la tête du groupe. NB : Jean-Marie Messier n'a pas été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour délit d'initié, et a bénéficié d'un non-lieu sur ce point, contrairement à ce que nous avons écrit dans notre édition de vendredi matin.
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