Bruxelles veut forcer les portes de la forteresse japonaise

Qu\'on se le dise : la crise de l\'industrie automobile n\'est pas de nature à faire dévier Karel de Gucht de sa stratégie commerciale avec l\'Asie. Mercredi, le commissaire européen au Commerce a reçu le « feu vert » de la Commission européenne pour engager la négociation d\'un accord de libre-échange avec le Japon.\"Il y a un tas de problèmes à résoudre sur le marché automobile mais on doit le faire indépendamment des accords de libre-échange », a-t-il dit. Et d\'ajouter : « si la croissance dans les vingt prochaines années a des chances de venir d\'Asie, se détourner du Japon serait une grave erreur dans notre stratégie ».Rééquilibrer des échanges très déficitairesSon pari consiste en fait à rééquilibrer des échanges pour l\'instant très déficitaires et centrés sur l\'automobile et les biens électroniques. En 2011, les importations japonaises en Europe ont atteint 67,5 milliards d\'euros, pour des exportations de 49 milliards d\'euros. Mais ces dernières pourraient exploser, selon la Commission, si l\'on arrivait à démanteler certains obstacles plutôt d\'ordre réglementaires que tarifaires. L\'industrie agro-alimentaire, qui est déjà la principale gagnante de l\'ouverture pratiquée il y a un an avec la Corée du Sud, mais aussi la pharmacie, la chimie et les services en général sont tous très demandeurs.Le précédent de la Corée semble plutôt conforter cette stratégie, dont le prix reste toutefois une concurrence accrue dans l\'automobile. Dans les 11 mois qui ont suivi l\'abaissement des barrières douanières, et en dépit d\'un contexte très déprimé (-7% d\'immatriculations au premier semestre 2012), les exportations de voitures coréennes ont fait un bon de 13%, selon l\'Association européenne de l\'industrie automobile. Mais globalement les échanges se sont spectaculairement rééquilibrés. Le déficit commercial de l\'Europe avec la Corée est passé de 11,3 milliards d\'euros en 2010 à 3,6 en 2011. Les seules exportations de biens européens vers la Corée du Sud ont augmenté de 30% en deux ans (2009-2011).Dans le sillage de l\'accord avec la Corée du SudL\'accord sud-coréen avait été particulièrement décrié par les constructeurs automobiles. Après l\'adoption du mandat de négociation en mai 2007, il a fallu deux ans de négociation et encore deux années de tractations internes en Europe pour signé, ratifié et finalement faire entrer en vigueur l\'accord. L\'accord n\'avait que péniblement passé la barre de l\'adoption définitive au Parlement européen et auprès des ministres des Vingt-Sept au prix de l\'inclusion de subtiles clauses de sauvegarde destinées à plafonner l\'inclusion de pièces chinoises dans les véhicules importés de Corée du Sud. Celle-ci n\'a toutefois pas été activée, l\'ACEA n\'en ayant pas fait la demande.On peut donc gager que les négociations avec le Japon ne seront pas un long fleuve tranquille. Il y a quelques semaines un sommet UE-Japon a été annulé, en raison d\'un désaccord sur le champ de la négociation future. Tokyo ne veut pas trop toucher aux barrières non tarifaires, notamment dans les marchés publics, qui sont pourtant la demande principale des exportateurs européens, comme l\'avait confirmé une consultation faite par la Commission en 2010. L\'ACEA estime d\'ores et déjà que la stratégie de la Commission pour démanteler les obstacles non-tarifaires « manque de clarté ». Karel de Gucht s\'est engagé à « stopper les négociations », si, dans un an, il s\'avérait que les progrès du Japon vers le démantèlement de ces barrières étaient insuffisants.Le projet de mandat adopté mercredi par la Commission doit encore être approuvé par les gouvernements des Vingt-Sept pour pouvoir donner le top départ aux négociations.    
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