Micropartis, dons en liquide : comment contourner la loi sur le financement politique

De Woerth à Wauquiez... l'alphabet politique patine cet été et la question du financement des partis en France, qui a contribué à la chute du Parti socialiste au début des années 1990, revient hanter l'UMP.Après Éric Woerth, trésorier du parti présidentiel englué dans l'affaire Bettencourt, c'est le secrétaire d'État à l'Emploi, Laurent Wauquiez, qui est épinglé pour avoir sollicité des dons d'hommes d'affaires français installés à Londres pour son parti, Nouvel Oxygène. Régis Juanico, le trésorier du PS, a dénoncé la présence d'un « agent double au gouvernement ». « Ce dîner n'était pas anodin, a-t-il asséné, parce qu'il est secrétaire d'État à l'Emploi et parce qu'il s'adresse à des fonds spéculatifs qui, aujourd'hui, malmènent l'emploi en France. »Le PS a demandé que « la lumière soit faite sur les activités » des quelque 221 micro partis français (voir tableau ci-contre), estimant qu'ils constituent un détournement de l'esprit de la loi de 1995 limitant à 7.500 euros par an et par parti les dons des personnes physiques. En effet, rien n'interdit à la même personne de financer plusieurs petits partis satellites d'une formation nationale. Et ces mêmes micro-formations peuvent reverser tout ou partie de leurs dons au parti principal. Une disposition largement utilisée à l'UMP mais plus difficile à mettre en oeuvre au PS, qui interdit la double appartenance partisane.blanchimentAu gouvernement, Rama Yade a lancé le 14 juin l'association de financement du parti Agir pour Colombes. Éric Woerth a créé son parti dans l'Oise. François Fillon, Christian Estrosi, Eric Besson, Bruno Le Maire ou Michèle Alliot-Marie disposent eux aussi de leur propre formation.L'affaire Bettencourt a aussi jeté le doute sur la limitation des dons en liquide. Tout don personnel en espèces de plus de 150 euros est en effet interdit. Mais, à la faveur de plusieurs enquêtes judiciaires, on s'est aperçu que des financements plus importants n'étaient pas déclarés. L'une des pratiques les plus courantes consiste à « blanchir » l'argent liquide en le faisant passer pour des dons collectés lors des meetings des candidats. Les temps ont tout de même changé depuis l'époque où le président gabonais Omar Bongo avait l'habitude de dire, à propos des « valises de billets » remises aux politiques français, qu'il misait « sur tous les chevaux, comme au tiercé, pour être sûr de gagner ». Les six lois votées entre 1988 et 2003 pour encadrer le financement des partis permettent quand même de limiter l'ampleur de fraudes éventuelles. Hélène Fontanaud
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