Toute toute première fois

Depuis 42 ans, la directrice du patrimoine de Chaumet ne cesse de s'émerveiller devant l'architecture de la place voulue par Louis XIV.« Pendant très longtemps, dans les années 1975, nous considérions, chez Chaumet, que nous étions très mal installés, au 12 place Vendôme. À l'époque, le triangle d'or triomplait, » raconte Béatrice de Plinval, la directrice du Patrimoine de Chaumet, « nous jalousions ceux qui avaient pignon sur rue avenue Montaigne. » C'est à partir de l'érection de la pyramide du Louvre en 1989 et l'arrivée, peu à peu, de jeunes créateurs dans le quartier que la place a commencé à avoir de nouveau meilleure presse. En 1980, avec d'autres maisons du luxe comme Cartier, Chaumet prend conscience du formidable trésor que recèle son patrimoine et son histoire. La direction d'alors demande à Béatrice de Plinval, créatrice de formation, historienne par passion, de plonger dans les 240 années d'archives. Sa mission ? Répertorier dans tous les cahiers de commandes de la maison, les plus belles pièces et, tel Sherlock Holmes, partir à leur recherche dans le monde entier, voire les racheter aux enchères si besoin. La maison est extrêmement riche : depuis 240 ans, le savoir-faire des joailliers a ici fait des merveilles, le salon des diadèmes (150 modèles de bijoux de tête en maillechort) qu'elle a ouvert en 1980 pour le bicentenaire de Chaumet en témoigne. Il jouxte son bureau à l'étage du 12 place Vendôme. Chaumet est installé ici depuis 1907. Dans le grand salon XVIIIe, classé monument historique depuis 1927, Frédéric Chopin a joué au soir de sa vie. « Depuis quarante-deux ans, chaque matin quand j'arrive, j'éprouve une émotion, c'est le test du chef-d'oeuvre. J'ai toujours été admirative de la beauté des bâtiments, de la symétrie de l'architecture. Regardez cette harmonie des couleurs entre le bleu délavé du ciel, les pavés et les tonalités gris vert des stores rayés. Quand les Japonais viennent ici, ils sont comme fous. Pour eux, c'est un sommet de perfection. Je ne suis pas loin de le penser aussi. » Il est vrai que les gens de la finance qui l'érigèrent, puis les héritiers des grandes familles de la noblesse qui habitèrent les hôtels qui portent encore leur nom (Évreux, Broglie, Gramont, Durfort...) doivent le tracé grandiose de la place à Louis XIV, en 1685. Les façades sont signées Mansart. La colonne Vendôme, elle, est arrivée bien plus tard, avec Bonaparte. Sa construction a été achevée, il y a 200 ans, le 5 août 1810. À 44 m, la frise sculptée est tout à la gloire des grandes batailles napoléoniennes de 1805. Également présidente du Comité Vendôme, Béatrice de Plinval, s'emploie, avec Lisbeth Moreau, à obtenir l'éclairage de la colonne, au même titre que les autres grands monuments de Paris. Ne serait-ce pas lui rendre justice pour son bicentenaire ? Isabelle Lefort· Demain : Le premier jour de l'Éclaireur.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.