« Notre objectif est de diviser par deux le chômage en cinq ans »

Pierre Larrouturou, économiste, conseiller régional île-de-france europe écologiePourquoi lancer des états généraux de l'emploi et de l'écologie ?Il y a deux ans, tout le monde évoquait une crise historique, appelait à de grands changements... Aujourd'hui, on a l'impression d'un grand renoncement. La libéralisation de l'économie et l'échec de Copenhague sont vues comme une fatalité. Nous voulons provoquer un sursaut. La crise actuelle, sociale et écologique, n'est pas acceptable. 4,8 millions de personnes sont au chômage, sans compter celles qui sont au RSA, et en contrat précaire. Parallèlement, le réchauffement climatique est sans précédent. Nous, Europe Ecologie, avons des idées sur chacun de ces points. Mais nous n'avons pas le culot de prétendre détenir seuls toutes les solutions ! Nous revendiquons de faire de la politique autrement : élaborons donc un vrai projet de transformation d'une façon différente ! Il nous semble par ailleurs important d'initier une autre façon de travailler avec les partenaires sociaux, dans l'éventualité d'un retour de la gauche au pouvoir en 2012. Quels sont vos objectifs ?Nous voulons mener six mois de discussions, au niveau national et dans les régions, avec les syndicats, le patronat, des universitaires, experts, élus locaux, associations... Six syndicats ont déjà répondu présent ; le patronat se montre intéressé. Les Etats Généraux seront officiellement lancés fin septembre. Notre objectif est d'arriver, en janvier-février, à 10-15 propositions fortes ? et financées ? pour diviser par deux le chômage en cinq ans et diviser par deux l'émission de gaz à effet de serre en dix ans. Cela passera forcément par des propositions assez radicales. Mais nous ne rêvons pas : nous n'arriverons pas à un consensus. Chacun sera dans son rôle et en retirera ce qu'il veut. Quelles sont les idées d'Europe Ecologie sur l'emploi ?Le préalable, c'est qu'il faut faire le deuil de la croissance. Affirmer, comme le PS, que la croissance va revenir pour créer de l'emploi et résoudre les déficits publics est surréaliste : malgré une vraie politique industrielle et un énorme effort de recherche, le Japon n'a que 0,9 % de croissance depuis vingt ans. Il faut donc inventer un nouveau contrat social, avec des politiques ambitieuses de logement et d'économies d'énergie, une relocalisation de la production agricole et industrielle, et une réduction du temps de travail. Le sujet est devenu tabou. Pourtant, alors que des gains de productivité colossaux ont été réalisés en trente ans, la durée de travail d'un temps plein n'a quasiment pas bougé : 39h24 selon la dernière enquête Insee. Si nous ne sommes pas capables d'organiser volontairement une autre répartition du travail, le marché le fera pour nous. Propos recueillis par Stéphanie Tisserond
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