« ? La libéralisation des marchés chinois passera par de nouveaux produits et instruments financiers ? »

Vous venez d'obtenir une licence spéciale qui vous permet d'investir sur le marché domestique chinois. Pourquoi êtes-vous si confiant dans ce marché ?C'est un marché très volatile, eu égard à l'étroitesse du flottant des sociétés cotées et à la forte proportion d'investisseurs individuels (70 %). Plusieurs éléments tendent pourtant à nous rassurer : le fait que le gouvernement de Pékin ait déclaré qu'il était prêt à le stabiliser tout d'abord. C'est très important. Ensuite, un grand nombre de sociétés seront à l'avenir cotées directement à Shanghai sans avoir même à passer par Hong Kong, sans doute 300 à 400 d'ici les prochaines années. Et, la liquidité qui se trouve entre les mains des personnes physiques ? soit l'équivalent des dépôts en cash ? atteint pas moins de 2.000 milliards de dollars. Celle détenue par l'État, les investisseurs institutionnels, et les entreprises, avoisine, quant à elle, les 6.000 milliards de dollars. Et ce, alors que la Bourse chinoise ne représente que 25 % à 28 % de son PIB, contre 100 % dans les marchés développés.Quels vont être les secteurs les plus porteurs ?Les infrastructures, la consommation directe et indirecte mais aussi les groupes liés au tourisme ou à la high-tech (Internet). Nous fondons également de grands espoirs dans l'environnement, notamment les énergies alternatives. Le cas de la voiture électrique, notamment à travers la société Byd, est intéressant.Quelles seront les prochaines étapes dans le domaine de la libéralisation du secteur bancaire et financier ?Cette libéralisation va passer par le lancement de nouveaux produits et instruments financiers. À ce titre, le nouveau marché obligataire devrait se développer, tout comme celui des petites capitalisations à la Bourse de Shenzhen. Dans le domaine bancaire, en revanche, l'évolution devrait rester très progressive, dans la mesure où le gouvernement devrait continuer à garder le contrôle sur les banques.Êtes-vous confiant quant à l'état de santé de ces dernières ?D'importantes liquidités ont été injectées dans l'économie, mais parallèlement les dépôts ont eux aussi augmenté. Du coup, le ratio emprunts sur dépôts, actuellement de 62 %, est aujourd'hui identique à celui d'avant la crise. Certes, nous avons bien conscience que le taux des prêts non performants devrait augmenter, mais il n'aura sans doute rien à voir avec son niveau d'il y a dix ans.Comment voyez-vous évoluer la devise chinoise dans les mois qui viennent ?Nous n'envisageons pas de hausse du yuan d'ici la fin de l'année, mais plutôt à partir de l'année prochaine. En effet, compte tenu des liquidités qui ont été injectées dans l'économie, l'inflation risque de resurgir en 2010, sans doute à hauteur de 4 % à 5 %, ce qui devrait engendrer une hausse des taux d'intérêt et par voie de conséquence une appréciation du yuan vis-à-vis du dollar.À quel rythme le yuan peut-il s'internationaliser ?Ce processus devrait être graduel, et ne pas être finalisé avant un horizon de trois ans. Même si des changements interviennent. L'interdépendance de l'économie chinoise avec celle d'autres pays émergents, le Brésil notamment, aide par exemple la Chine à imposer sa devise comme monnaie de référence dans des contrats d'import-export.Propos recueillis par Marjorie BertouilleRobert Lloyd George, président de Lloyd George ManagementLa liquidité détenue par l'État, les investisseurs institutionnels, et les entreprises avoisine les 6.000 milliards de dollars.
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