Financer la dépendance des personnes âgées par un jour de congé rallie peu de suffrages

C'est le prochain grand chantier du gouvernement. Après les retraites, le gouvernement s'attelera au chantier de la dépendance des personnes âgées, une annonce du candidat Sarkozy qui avait promis la création d'une « cinquième branche de la protection sociale pour consacrer suffisamment de moyens à la perte d'autonomie ». Alors que le dossier des retraites n'est pas encore refermé, certains font déjà entendre leur petite musique et formulent des propositions de financement.C'est le cas de Laurent Hénart, député UMP de Meurthe-et-Moselle et président de l'Agence nationale des services à la personne (ANSP). Dans un entretien au JDD, le député a proposé que les Français abandonnent un nouveau jour de congé, une RTT, pour financer la dépendance. Pour l'heure, la proposition n'a pas suscité l'enthousiasme au sein de l'UMP. Son patron, Xavier Bertrand, indiquait dimanche sur RTL : « D'avoir une journée de RTT, ce n'est pas ça qui va régler le problème tout seul, certainement pas. Ce n'est pas la piste que je retiens en priorité ». Après les débuts cahotiques du lundi de pentecôte pour financer la dépendance, l'idée de demander un jour de RTT aux Français suscite le scepticisme, d'autant que les Français ne sont pas tous à 35 heures.« Proposition absurde »Très critique, Luc Broussy, vice-président de la commission sociale de l'Association des départements de France (ADF) rappelle que l'idée n'est « pas nouvelle et avait été avancée voilà un an par Philippe Bas, ancien ministre délégué à la Sécurité sociale, dans une tribune au journal Le Monde ». Pour lui, « cette proposition est absurde et en-deça du débat (...) Ce n'est pas un concours Lépine sur les modes de financement», indique-t-il, avant de poursuivre : « Ce qui est frappant, c'est que le dossier est censé être prêt et mis sur la table avant la fin de l'année. Or on ne voit que des ballons d'essai, avec le rapport Marini-Vasselle qui ne concernait que les personnes âgées et pas les personnes handicapées, le rapport Rosso-Debord qui proposait notamment de recourir au patrimoine des personnes âgées et cette fois l'idée de taxer à nouveau les revenus du travail. » Plus modéré, Pascal Champvert, directeur de l'AD-PA, qui regroupe les directeurs de services à domicile et d'établissements pour personnes âgées, « voit mal comment une proposition comme celle de Laurent Hénard peut prospérer. L'aide aux personnes âgées fragilisées doit faire l'objet d'une grande phase de dialogue pour trouver le financement le mieux accepté par les Français ». Car aujourd'hui, rappelle-t-il, « le reste à charge pour les personnes âgées à domicile ou en hébergement est très important. Pour certaines d'entre elles, il peut parfois représenter 90 % des revenus ! » Selon lui, il faut reprendre « les travaux engagés par Xavier Bertrand, lorsqu'il était ministre du Travail et ceux de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. Il y a les bases d'une grande réforme possible ».
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