Les banques japonaises dans la course aux fonds propres

capitalLa première banque japonaise, Mitsubishi UFJ Financial Groupe (MUFG), qui présentait ses résultats hier, a aussi annoncé une augmentation de capital. D'un montant de 11 milliards de dollars (7,5 milliards d'euros), il s'agirait de la plus importante levée de capitaux dans l'archipel. Cette opération n'est pourtant pas surprenante. Comme le souligne Philippa Rogers, analyste chez Goldman Sachs, « les banques japonaises restent parmi les plus vulnérables au monde au regard des nouvelles règles de renforcement des fonds propres ». Si elles ont, mieux que leurs concurrentes européennes ou américaines, traversé la crise financière, elles sont néanmoins très sous-capitalisées?: rares sont celles qui atteignent un ratio de fonds propres durs (core Tier 1) de 6 %. Elles sont donc peu armées pour s'inscrire dans une logique de croissance. bases solidesLa situation des établissements de l'archipel est totalement différente du reste du monde, car ils sortent à peine d'une crise beaucoup plus ancienne, celle de 2001. Comme l'explique Hervé Lievore, stratégiste chez Axa IM, « à l'époque, les banques ont réglé la crise en passant de très importantes provisions pour créances douteuses. Cela leur a permis de régler définitivement ce problème et de repartir sur des bases plus solides. Dans le même temps, elles ont très peu financé l'économie. Leur encours de crédit entre le pic de 1996 et le creux de 2005 a baissé de 30 %. Certes la demande de crédit était faible, mais surtout, les banques avaient des niveaux de fonds propres très insuffisants. C'est ce qui a expliqué leur timidité depuis dix ans ». En pratique, les banques avaient la possibilité de gonfler facialement leurs fonds propres par anticipation de crédits d'impôts différés (correspondant à des bénéfices anticipés sur les cinq années suivantes). Or, pour nombre d'entre elles, une fois déduits ces crédits d'impôts, elles se trouvaient avec un niveau de fonds propres inférieur au minimum réglementaire. Cette situation n'est plus tenable.Notamment parce que le G20 de septembre dernier a acté le principe d'un renforcement des fonds propres, avec une mise en ?uvre programmée pour fin 2010. En outre, souligne Hervé Lievore, « les banques japonaises étant saines, elles vont pouvoir recommencer à prêter et reconsidérer un retour à l'international, tant pour leurs métiers existants que pour des acquisitions. Or, cela n'est possible que si elles renforcent leur capital ». Déjà, en décembre dernier MUFG avait levé 800 milliards de yens (6 milliards d'euros) pour financer l'acquisition d'une prise de participation dans Morgan Stanley. En juillet, c'était au tour de Sumitomo de lever 6,8 milliards d'euros pour financer la reprise de Nikko Cordial, la filiale de courtage de Citigroup. Quelques semaines plus tôt, Mizuho avait fait une augmentation de capital de 4 milliards d'euros.Mais c'est encore loin d'être suffisant. Selon une étude récente de Goldman Sachs, les banques japonaises ont encore besoin de lever l'équivalent de 10 milliards d'euros pour se mettre en conformité avec la future réglementation. Guénaëlle Le Solleu
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