Le double langage de Bruxelles sur les retraites

Dans une période comme celle que nous traversons, vous devez pouvoir dire que vous gouvernez par l'exemple », explique Vicky Ford. L'eurodéputée conservatrice britannique n'en démord pas : le fait que la Commission européenne « n'aie même pas enclenché le processus mental consistant à se demander comment faire des économies » sur les retraites des fonctionnaires européens pose un sérieux problème. Mardi prochain, elle demandera le soutien des autres élus de la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement pour exiger un « rapport détaillé » de la Commission européenne sur le régime de retraite des institutions de l'Union.En 2010, l'Union a dépensé 1,2 milliard d'euros pour les retraites de ses 17.471 retraités, soit un coût annuel moyen par personne de près de 69.000 euros. La croissance des effectifs aidant, le coût budgétaire sera multiplié par deux d'ici 2045, avant de se stabiliser, selon des calculs d'Eurostat. Autant dire que leur part dans le budget européen va croître rapidement ces prochaines années. En 2011, l'augmentation des dépenses sera de près de 7 % pour un budget en hausse de moins de 3 %. « Soutenabilité »En 2007 déjà, le libéral belge Johan Van Hecke s'était inquiété du manque de « soutenabilité » du système. La crise a ajouté à cette critique une dimension politique évidente. Dans la « revue annuelle de la croissance en 2011 » publiée la semaine dernière, la Commission plaide longuement pour des réformes profondes des retraites au nom du besoin de consolidation budgétaire dans l'après-crise. Pour sa défense, elle excipe de la réforme mise en oeuvre en... 2004. L'âge minimum de départ avait été repoussé de 60 à 63 ans et surtout Bruxelles avait créé une sous-catégorie de personnel contractuel aux salaires nettement inférieurs qui devrait amener à terme une baisse du coût moyen par personne. Vicky Ford estime que la réticence de Bruxelles vis-à-vis des remèdes prescrits aux autres pose « un sérieux problème de perception par le public ». L'an dernier, les gouvernements nationaux avaient tenté, en vain, de limiter à 1,85 % la hausse de salaires des fonctionnaires de l'Union, au lieu des 3,7 % auxquels leur donnait droit l'application de l'indexation prévue dans leur statut. La Cour ? dont le personnel était également concernée ? avait donné tort aux capitales. Il est probable que la demande de la conservatrice ne passera pas entièrement la barre du débat parlementaire. Une majorité de députés pourrait soutenir une révision du système, mais pas au point de l'exiger pour juin 2011.
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