Les lobbies d'affaires surfent sur les réformes présidentielles

Cinq organisations combattant l'influence des lobbies d'affaires à Washington (Democracy 21, Common Cause, etc.) viennent de féliciter Obama d'avoir soumis son gouvernement à des règles « robustes et complètes » en matière d'éthique et de transparence. Le collectif applaudit le président pour avoir, dès janvier 2009, contraint les lobbyistes à attendre deux ans avant d'être recrutés par le gouvernement fédéral dans le domaine où ils étaient actifs ; il salue le fait qu'en septembre, l'administration ait commencé à débarquer les milliers de lobbyistes siégeant dans les nombreuses commissions chargées de conseiller le gouvernement fédéral. Il déplore toutefois qu'Obama n'ait pas davantage assaini le financement de la vie politique. De fait, l'emprise des lobbies reste entière sur le Congrès, et les affaires de K Street, où siègent les grands cabinets de lobbying de Washington, sont florissantes.Selon le Center for Responsive Politics, les entreprises et d'autres « intérêts privés » tels que les syndicats ont dépensé environ 3,3 milliards de dollars en 2009 pour influencer le Capitole et le gouvernement, autant que le record de 2008. Sheila Krumholz, la directrice exécutive du Centre, note que les secteurs de la santé et de l'énergie se sont respectivement mobilisés contre la réforme de l'assurance-maladie et l'instauration d'un marché national des quotas de CO2. « La finance reste présente, mais la crise a réduit ses contributions », indique la responsable.Pendant sa campagne, Obama s'était engagé à diminuer l'influence des lobbyistes, après deux mandats de George W. Bush où la Maison-Blanche était accusée d'être sous l'influence d'entreprises, dont Halliburton qu'a dirigée l'ex-vice-président Dick Cheney. Mais la gauche du Parti démocrate dénonce certaines embauches, comme celle de William Lynn, ancien lobbyiste du groupe d'armement Raytheon, nommé sous-secrétaire à la Défense. De plus, Obama invite souvent de grands patrons à la Maison-Blanche pour les convaincre de ne pas torpiller ses projets de réforme, ce qui a souvent pour effet de les édulcorer. Afin d'obtenir le soutien de l'industrie pharmaceutique, il a renoncé à autoriser l'importation de médicaments, ce qui aurait pourtant contribué à réduire les dépenses de santé du pays, les plus élevées au monde. Les laboratoires ont financé des spots télévisés en faveur de sa réforme et consenti à réduire le coût de médicaments vendus au programme fédéral Medicare destiné aux personnes âgées, à hauteur de 80 milliards de dollars sur dix ans. « La réforme aurait pu coûter des centaines de milliards de dollars à notre industrie, alors nous avons choisi d'être coopératifs », confie le patron d'un grand laboratoire pharmaceutique américain.En 2009, le nombre de lobbyistes inscrits sur les registres fédéraux a reculé de 9 % à Washington : ils ne sont plus que 13.500 officiellement. « Mais beaucoup conservent la même activité en travaillant désormais dans des cabinets d'avocats », explique Sheila Krumholz. « Les élus du Congrès passant la moitié de leur temps à lever des fonds pour leur réélection plutôt qu'à élaborer les lois en toute indépendance, ces lobbyistes ont de beaux jours devant eux », prévient-elle. En septembre, la Maison-Blanche n'a reçu copie du projet de loi sur la santé du sénateur démocrate Max Baucus seulement après que plusieurs cabinets de K Street eurent le temps de l'éplucher ! n
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