Un Américain sur la Riviera, ou les tribulations d'un ambassadeur en France

« Il fait beau », c'est par ce laconique message que Charles Rivkin (photo), l'ambassadeur des Etats-Unis en France, remercie Eric Ciotti , président du Conseil général des Alpes-Maritimes venu l'accueillir ce mercredi à l'aéroport de Nice. Les deux hommes s'engouffrent dans un hélicoptère, pour aller visiter deux sites phares de la région : Sophia Antipolis, première technopole d'Europe, qui va encore s'agrandir en s'ouvrant en particulier aux biotechnologies, et, surtout, l'Eco Vallée de la Cote d'Azur, l'ambitieux projet d'aménagement de la vallée de la Plaine du Var, face à l'Aéroport de Nice, qui combine développement durable et technologies de pointe. Ex-patron du "Muppet Show"Charles Rivkin, qui doit s'adresser en début de soirée à une centaine de patrons locaux ayant de liens avec les Etats-Unis, n'est pas en terrain inconnu. Avant d'être ambassadeur, il a gravi tous les échelons entre 1988 et 2003 à la Jim Henson Company, une société de divertissement, qui a créé le célèbre "Muppet Show". Puis à partir de 2005, il prend la tête de Wildbrain, une entreprise qui produit entre autres des séries télévisées. Une activité qui l'a amené au cous des 20 dernières années à venir régulièrement à Paris et à Cannes où se tient annuellement le MIPTV.Au service d'ObamaComment passe-t-on du Muppet Show à un poste d'ambassadeur de France ("et de Monaco": il y tient)? Cette promotion, Charles Rivkin la doit au président américain Barak Obama pour service rendu. En effet, le patron de Wildbrain militait depuis quelques années au sein du parti démocrate. En 2004, il s'était investi dans la campagne de John Kerry, un francophile, candidat malheureux face à George W. Bush. Malgré l'échec, en 2008, il se met au service d'un quasi inconnnu, Barak Obama. En Californie, il devient un efficace collecteur de fonds, indispensable pour finnacer les coûteuses campagnes outre-Atlantique. "Jamais nous n'aurions imaginé que Barak Obama aille jusqu'à la victoire", se rappelle-t-il, un brin nostalgique. L'ambassade de France, c'est finalement un beau cadeau pour ce néophyte en diplomatie. "C'est une coutume aux Etats-Unis. Chaque président remercie ainsi certaines personnes qui l'ont aidé. Mais attention, la candidature doit etre entérinée après une audition par le Sénat. Durant plusieurs mois, il doit "bachoter" avec un équipe d'experts pour se préparer à cette mission", explique Josy J. Steinbach, conseiller du consul de Etats-Unis à Marseille.Environnement familial Charles Rivkin a également bénéficié dès son plus jeune âge d'un environnement familial favorable à l'exercice de ses nouvelles fonctions. " Mon père, William R. Rivkin, a été ambassadeur au Luxembourg, au Sénégal et en Gambie, et mon parrain Hubert Humphrey a été le vice-président de Lyndon B. Johnson", rappelle-t-il. Quant à sa relation avec la France, elle est ancienne. "J'ai étudié à Rennes, et fait un stage chez Renault", se souvient-il, ce qui lui permet de maîtriser la langue de Molière et d'éviter les a priori trompeurs.Quant à la région, elle est la préférée de Américains, comme en témoigne le vol quotiden qui relie Nice à l'aéroport JFK à New York. C'est dans les années 1920, qu'ils se sont entichés de la Riviera : le climat, la Méditerranée et la proximité des Alpes, en font un endroit idéal où il fait bon vivre et travailler. Dans les années 1960, Texas Instruments et IBM y ont installer leurs centres de recherches et de production. Un intérêt américain pour la Riviera ne se dément pas. Secteurs d'avenir"Entre 2005 et 2009, nous comptons 23 nouvelles décisions d'investissements nord-américaines, avec 535 emplois à la clé. Cela représente 15% de investissements sur la Côte d'azur, et 16% des emplois créés sur cette période", explique Philippe Stefanini, directeur de Team Côte d'Azur, l'agence de promotion et de développement économique de la Côte d'Azur. Avec 80% des emplois créés dans les technologies d'information, les Américains sont présents sur les secteurs d'avenir. Cette présence américaine se retrouve dans les alllées du Mipim, le Marché international des professionnels de l'immobilier, qui se tient chaque année à Cannes. Au stand de la Cote d'Azur, la maquette de l'Eco-Vallée, qu'il vient de survoler en hélicoptère dans la matinée, attire son attention : 10.000 hectares vont être consacrés au développement d'une vallée intégrant habitants, entreprises, dans un esprit de développement durable, aux technologies de pointe, aux éco-quartiers, bref un projet qui devrait préfigurer ce que pourrait être la vie future, basée sur une vie de bien-être et une croissance économique durable. Le tout desservi par la proximité d'un aéroport qui devrait être relié à une gare TGV et un tramway desservant la vallée conjuguée à une liaison entre l'aéroport et la place Massena à Nice. Attirer les entreprises C'est le type de projets que promettait le candidat Obama dans son programme électoral pour redonner aux Etats-Unis un leadership mondial en ce début de XXIe siècle. Si la crise économique a momentanément rabattu les cartes et les urgences, il n'en reste pas moins que l'équipe Obama reste convaincue que c'est dans ce sens qu'il faut aller. "Ce projet doit intéresser les investisseurs américains", s'enthousiasme Charles Rivkin, devant la maquette et des promotteurs du projet aux anges. Il promet d'attirer les entreprises américaines. En attendant, l'ambassadeur américain voit grossir la file des compatriotes venus le saluer, lui remettre leur "business card" ou lui faire part de leurs doléances. Diplomatie et business sont désormais les qualités inhérentes à l'ambassadeur d'un nouveau type qu'exige la mondialisation, et sa lutte acharnée pour gagner des marchés. Charles Rivkin cumule les deux.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.