Pas de forte baisse du déficit sans croissance

Spectaculaire, la baisse du déficit public affichée par la Suède et le Canada au cours des années 1990 l'a été sans conteste. En Suède, à la suite d'une crise bancaire, entraînant une forte récession, le déficit public représentait 11,3 % du PIB en 1993. Quatre ans plus tard, il était retombé à... 1,7 % du PIB (selon l'OCDE). Ce rétablissement à marche forcée a été acquis grâce à des hausses d'impôt, et à une baisse de la dépense publique, en proportion du PIB, sur laquelle il est d'usage d'insister. De fait, au cours de ces mêmes quatre années, la dépense a été ramenée de 72,4 % de la richesse nationale à seulement 62,6 %. Cette chute de 10 points laisse rêveur. Il serait donc possible de couper drastiquement dans les dépenses sans remettre en cause un modèle de société, puisque les Suédois l'ont fait, préservant le leur.Interrogés, les experts suédois se montrent en peine de désigner les secteurs où des coupes claires ont été pratiquées. Car cela n'a pas été le cas. Corrigée de la hausse des prix, la dépense publique a baissé de 0,5 % en 1995, puis de 2 % en 1996. Ensuite, elle a légèrement augmenté. Sur le moyen terme, elle a faiblement évolué, mais augmenté tout de même (+ 1 % l'an). L'impressionnante chute de la dépense en proportion du PIB vient en fait du dénominateur, à savoir le PIB, qui a, lui, fortement progressé. De 3,9 % en 1994, puis de 4 % en 1995, avant de ralentir en 1996 (+ 1,5 %), pour repartir ensuite à la hausse, faisant en outre grimper les recettes publiques.Regain des exportationsQuelle est l'origine de ce regain de croissance, facteur de rétablissement des comptes ? En 1994, la Suède a vu sa monnaie se dévaluer rapidement, à compter de la décision prise en novembre 1992 de la détacher de l'écu. Il en a résulté un regain d'exportations (dont celles de l'industrie mécanique, soit alors la moitié des ventes à l'étranger), qui a relancé l'ensemble des secteurs. Le pouvoir d'achat externe des Suédois a été diminué, mais la croissance économique quasi continue depuis cette date leur a permis de retrouver ces pertes initiales.Le scénario canadien n'est pas vraiment différent. La dévaluation de près de 28 % du dollar canadien par rapport à l'américain, entre 1991 et 1996, a relancé la machine via les exportations. Ivan Best
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