Les mesures anti-spéculation allemandes soulignent le manque d'Europe

Ces événements démontrent une fois de plus le besoin d'un superviseur européen fort et d'une action coordonnée au niveau européen », a martelé mercredi matin le commissaire européen au Marché intérieur, Michel Barnier. Politiques et régulateurs, même s'ils comprennent les préoccupations de Berlin, ont déploré l'absence de coordination après la décision allemande mardi soir de mettre en oeuvre de nouvelles mesures pour lutter contre la spéculation. « Une coopération étroite dans l'Union européenne sur tous les sujets ayant des répercussions fortes sur le marché est très importante et doit être renforcée », a affirmé son président, Herman van Rompuy. Il entend évoquer le sujet lors d'une réunion avec les ministres des finances vendredi. De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a déclaré soutenir l'Allemagne dans sa démarche, et a invité le Comité européen des régulateurs (CESR) à « évaluer rapidement si les conditions qui ont conduit les autorités allemandes à cette conclusion se retrouvent dans d'autres parties de l'Europe ».Unilatéralement, les autorités allemandes ont en effet décidé de nouvelles mesures contre la spéculation, effectives jusqu'au 31 mars 2011.le désordre affaiblit l'euro La vente à découvert non sécurisée, c'est à dire sans emprunt des titres au préalable, des actions des dix plus grosses institutions financières allemandes dont Allianz, Commerzbank et Deutsche Bank, a été proscrite. En réalité, même si elle a devancé les propositions de Bruxelles sur les ventes à découvert attendues dans les prochaines semaines pour consultation, la Bafin n'a fait que réactiver un dispositif établi en septembre 2008 et qu'elle avait abandonné fin janvier, contrairement à la France.La nouveauté vient du volet dette souveraine avec l'interdiction de la vente à découvert à nu des emprunts d'Etat de la zone euro admis à la négociation sur un marché réglementé allemand et l'achat de CDS souverains sans détention préalable des emprunts. Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie, a déploré que « les Etats concernés par la mesure » n'aient pas été consultés. Depuis la crise grecque, nombreux politiques ont appelé à des règles sur les CDS. « Comme beaucoup d'autres pays, nous sommes en train d'évaluer l'interdiction des CDS souverains à nu », a indiqué le porte-parole du régulateur autrichien. « Sur la vente à découvert de la dette souveraine et les CDS, nous avons des consultations au sein de CESR et avec les autorités ministérielles en Belgique », a expliqué son homologue belge. « L'euro n'est en danger qu'à partir du moment où il n'y a pas de gouvernance ordonnée, a réagi Jean-Pierre Jouyet, le président de l'Autorité des Marchés Financiers, dans une interview à Reuters. Donc tout ce qui est désordre contribue plus à affaiblir qu'à renforcer l'euro ». Christèle Frad
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