Étienne Bourgois ou l'engagement comme une affaire de famille

Étienne Bourgois n'a pas eu le choix. Il ne pouvait devenir autre qu'un homme de conviction. Son père Christian Bourgois a fondé la maison d'édition qui porte son nom. Après avoir poussé sur le devant de la scène littéraire Boris Vian et Alain Robbe-Grillet, c'est lui qui a introduit en France Jorge Luis Borges, William S. Burroughs et Gabriel Garcia Marquez - entre autres?!Côté maternel, l'atavisme est tout aussi puissant. Agnès Troublé (devenue Agnès B, pour Christian Bourgois, son premier mari, père d'Étienne donc) a, dès le lancement de sa marque en 1975, démontré que l'on pouvait créer de la mode sans pour autant être une écervelée dénuée de sens des responsabilités. Elle a toujours vécu entourée d'artistes, ne dissociant jamais ses vêtements de la création. Sur ses tee-shirts se déploient les slogans « j'aime la musique », « j'aime le cinéma ».À la Galerie du jour, qu'elle a ouverte en 1984, elle expose les travaux des noms les plus recherchés (Jonas Mekas, Malick Sidibé, etc.). Son magazine, « Point d'ironie », donne, sept à huit fois par an, carte blanche à des artistes (Christian Boltanski en juillet dernier). Des réalisateurs, dont Quentin Tarantino pour « Pulp Fiction » ou David Lynch pour « Mulholland Drive », la sollicitent pour les costumes. Sa maison de production, Love Streams, a produit entre autres « Seul contre tous » de Gaspar Noé. Sa collection personnelle s'accroche dans le monde entier. Dans ses 246 boutiques dans le monde, les oeuvres figurent en bonne place.Au siège, rue Dieu, près du canal de l'Ourcq, chaque nouveau salarié choisit dans le fond des oeuvres, une pièce qui l'accompagne dans son bureau. Aussi, c'est naturellement que, lorsqu'il rejoint sa mère pour diriger le groupe à ses côtés, Étienne Bourgois met en application son désir d'engager encore plus l'entreprise sur la voie de la responsabilité. Son credo?? L'environnement. En 2008, l'entreprise a investi 200.000 euros pour adopter une politique d'emballage et de transports, respectueuse de l'environnement. Mais, plus encore, c'est avec « Tara » que son engagement prend une envergure internationale. Tout petit déjà, Étienne naviguait avec son grand-père maternel. Lorsqu'il apprend par la veuve de Peter Blake que le brise-glace conçu par Jean-Louis Étienne est à vendre, sa mère et lui se portent acquéreurs.Pour quoi faire?? Des missions scientifiques. Le premier voyage de « Tara » le conduit dans une dérive arctique, le second, labellisé projet de l'année internationale pour la biodiversité, est une recherche sur le plancton dans les mers du monde entier qui permettra de mieux connaître ces indicateurs du réchauffement climatique. La mission doit durer trois ans. Le 5 septembre, le bateau repartira un an pile après son départ de Lorient. Il sort de trois semaines de mise en cale sèche, pour un check-up complet. Le brise-glace est paré pour les eaux de l'Antarctique, puis les côtes chiliennes, les Galapagos et le Pacifique Nord.Soutenu par Veolia, EDF, bien sûr, le projet est gourmand en argent, il a besoin de 3 millions d'euros par an. Agnès B contribue à hauteur de 1,5 million, il en reste autant à débusquer. Dans le contexte économique, il n'est pas aisé de trouver des fonds quand il s'agit de recherche fondamentale et d'environnement. Étienne Bourgois le reconnaît : « Si, à l'automne, nous n'avons pas trouvé de financements complémentaires, la mission sera réduite en janvier. » Avis aux mécènes, n'hésitez pas à rejoindre « Tara » ! ? https://oceans.taraexpeditions.org
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