Le fonds CVC rachète le suisse Sunrise qu'Orange avait visé

La liste des investissements de CVC Capital Partners ressemble à un inventaire à la Prévert : les droits de formule 1 au niveau mondial, une société de réparation de clés au Japon, une société de médias en Australie, un fabricant anglais de valises (Samsonite), etc. Et depuis vendredi, le fonds d'investissement britannique compte un investissement de plus : Sunrise, le deuxième opérateur suisse de téléphonie mobile, cédé par le danois TDC pour 3,3 milliards de francs suisses (2,5 milliards d'euros).La nouvelle de cette cession n'est pas une surprise. Depuis des mois, et bien avant que la fusion avortée avec Orange ne soit tentée, TDC avait fait comprendre que Sunrise était à vendre. Plusieurs fois, Jens Alder, président du conseil d'administration de Sunrise, avait affirmé que l'opérateur suisse n'était considéré que comme « une participation financière » par TDC, avec qui les synergies industrielles étaient quasi inexistantes.Ces synergies seront à coup sûr nulles au sein de CVC, qui ne possède aucune autre participation dans le secteur des télécoms et aucune autre affaire en Suisse. Il existe pourtant un lien entre CVC et le marché suisse des télécoms : Lorne Somerville, associé chez CVC, est un ancien cadre de Swisscom, le premier opérateur helvétique, et s'était aussi spécialisé dans les télécoms au sein d'UBS.SpéculationsQuelles conséquences ce rachat aura-t-il pour Sunrise et la concurrence entre les trois opérateurs présents, Swisscom (plus de 60 % du marché), Sunrise et Orange ? Vendredi, un spécialiste du marché estimait que l'opérateur « allait subir une énorme pression, son nouveau propriétaire cherchant à maximiser son investissement. Car, Sunrise est directement entre les mains d'une firme de private equity ». Mais, c'était déjà indirectement le cas. En effet, TDC avait été racheté en 2006 par plusieurs sociétés de private equity, dont Apax et Blackstone Group. Selon Roger Schaller, porte-parole de Sunrise, « CVC investit dans le long terme, cette firme détenant certaines participations depuis plus de dix ans. Il n'y aura a priori pas d'influence sur notre stratégie ». Le plan d'investissement de 1 milliard de francs suisses sur cinq ans - et financé par Sunrise seul - pourrait donc rester valable. Cet argent, l'opérateur devrait de toute façon le débourser. Surtout pour investir dans les équipements pour un réseau de quatrième génération en téléphonie mobile (le LTE). La vente de Sunrise à CVC a également relancé les spéculations sur une fusion avec Orange Suisse. Mais, vu le veto ferme émis par la Commission suisse de la concurrence le 22 avril, ce scénario semble peu probable.Anouch Seydtaghia, « Le Temps »
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