Une réforme de la rémunération des intermédiaires aidera à l'essor des ETF

La distribution des ETF en Europe est à la veille d'un profond bouleversement qui pourrait aider à leur développement », estime Rory Tobin, directeur d'iShares International. Selon lui, le changement du mode de rémunération des intermédiaires financiers, actuellement en cours au Royaume-Uni, pourrait faire école dans le reste de l'Europe.Le Royaume-Uni a entrepris de s'aligner sur le système américain, qui supprime les commissions payées rétroactivement par les fournisseurs de produits financiers. À la place, la Financial Services Authority (FSA, le gendarme de la Bourse britannique) veut que les intermédiaires financiers soient payés directement par le client qui reçoit les conseils. Pour cela, elle a lancé en 2006 une consultation appelée RDR (Retail Distribution Review) dont elle vient de publier les règles qui seront effectives fin 2012.« C'est un changement significatif », estime Rory Tobin. Faute d'une rémunération attractive, les intermédiaires financiers n'avaient guère intérêt à proposer des ETF. En Europe, seuls les investisseurs institutionnels, les plus sophistiqués, les utilisaient, tandis que les particuliers avaient tendance à en être écartés. Pour persuader les intermédiaires financiers de changer d'attitude avec le nouveau système de distribution, iShares organise pendant tout le mois de mai une série de séminaires à travers le Royaume-Uni, expliquant la façon dont ces produits peuvent être utilisés.Cette démarche fait son chemin en Europe. « Cela a servi de catalyseur, estime Rory Tobin. Depuis, de nombreux régulateurs se penchent sur la question et nous demandent notre avis. C'est le cas en Suisse, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne. » Rory Tobin adresse cependant un mauvais point à Paris : « Nous aimerions que la France fasse de même. »Les ETF, ces produits cotés qui reproduisent un indice, ont explosé en Europe depuis dix ans. Pourtant, Rory Tobin, qui dirige le leader du marché, estime que le système de distribution était l'un des blocages expliquant que le marché américain demeure nettement plus important, notamment auprès des particuliers.Rory Tobin avertit cependant que le changement apporté par ces nouvelles règles ne sera pas immédiat. « Aux États-Unis, quand les commissions ont été remplacées par des honoraires, on n'a pas assisté à une soudaine explosion, mais plutôt à une graduelle progression. » Le changement réglementaire est intervenu en 2002 aux États-Unis, mais les ETF n'ont vraiment progressé qu'à partir de 2004 (voir graphique). Rory Tobin avertit aussi que les changements dans le reste de l'Europe n'en sont « qu'à leurs débuts ».Si bien que, pour l'instant, il continue à faire des investisseurs institutionnels sa priorité. « La crise a renforcé le rôle des ETF pour eux. Les investisseurs ont voulu des produits transparents, liquides et dont le risque de contrepartie soit clairement identifié. »Le changement britannique pourrait cependant être significatif, étant la première pierre d'une modification dans toute l'Europe. « Les régulateurs reconnaissent que le système actuel ne sert pas bien les investisseurs », conclut Rory Tobin.
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