Le crise de l'euro pourrait repousser la hausse du yuan chinois

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner n'en a pas fait sa priorité, mais il est certain que l'indexation du yuan au dollar sera un des principaux sujets abordés mardi à Pékin. Les tensions entre les deux pays sur la question semblaient quelque peu apaisées. Washington, qui a compris que critiquer ouvertement la Chine ne faisait en rien avancer le dossier, avait baissé le ton et avait différé la publication d'un rapport du Congrès accusant la Chine d'une éventuelle manipulation monétaire. En contrepartie, certains initiés à Pékin avaient prédit un accord tacite entre les deux pays et un geste de la Chine était attendu en juin. C'était avant la crise européenne et la baisse de l'euro de 17 % par rapport à la monnaie chinoise. Depuis, les responsables de Pékin ont fait savoir qu'ils étaient très préoccupés par la situation en Europe et on entend à nouveaux des arguments en faveur d'une « politique de change stable ». Le président Hu Jintao insiste à nouveau sur le fait que la Chine reformera son système « à son propre rythme ». « La crise européenne a des conséquences considérables en Chine. Une hausse des taux et une réévaluation du yuan vont être repoussées », estiment Chen Xingdong et Isaac Meng dans un rapport publié par BNP Paribas. Plusieurs économistes partagent leurs opinions. L'Europe est le premier importateur de biens chinois et la baisse de l'euro devrait se répercuter sur le solde de la balance commerciale chinoise de juin. Les économistes s'attendent à une certaine pression sur les exportateurs dont les marges de profits sont très faibles. Mais au-delà des effets sur l'économie réelle d'une chute de l'euro, la Chine a toujours été très sensible au climat international. Elle avait réarrimé sa monnaie au dollar dès les premiers signes de la crise financière au début de l'été 2008.Depuis, le yuan n'a que très peu bougé par rapport au dollar et il n'est pas sûr que les Etats-Unis tolèrent plus longtemps cette indexation. « Les élections de novembre vont mettre beaucoup de pression sur le gouvernement. Il sera difficile de faire taire le Congrès », selon Brian Jackson, économiste à Hong Kong pour Royal Bank of Canada. « Mais les risques vont dans les deux sens. La Chine doit réévaluer pour juguler l'inflation et contrecarrer les risques de surchauffe. Il n'est pas certain que retarder une réévaluation soit la bonne décision », poursuit-il. Au premier trimestre la croissance chinoise a atteint 11,9 %. L'inflation a bondi à 2,8 % au mois d'avril.Virginie Mangin
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