Moody's dégrade la note de l'Irlande... sans affoler les marchés

C'est au lendemain de l'annonce par l'Irlande de son retour à la croissance, avec une hausse de son PIB de 0,5 % au troisième trimestre, que Moody's a choisi de frapper. Et fort. L'agence a annoncé vendredi une baisse de rien moins que cinq crans de la note souveraine de l'Irlande. Elle est passée en une nuit de Aa2 à Baa1, et d'autres dégradations pourraient suivre si Dublin ne parvenait pas dans un avenir prévisible à stabiliser sa dette qui a quadruplé depuis la fin 2007, notamment en raison de l'effondrement du secteur bancaire du pays. La décision de l'agence de notation Moody's intervient une semaine après celle de Fitch, qui avait été la première à priver l'Irlande de la note « A ». Standard & Poor's est désormais la seule agence à maintenir la note souveraine de l'Irlande dans la plus haute catégorie, mais l'a toutefois placée sous surveil-lance en vue d'un éventuel abaissement.Après le coup de tonnerre de Moody's, la verte Erin se situe désormais à deux crans de la catégorie spéculative qu'abhorrent les marchés. Rien d'étonnant donc que cette décision ait provoqué quelque émoi sur le marché des changes, qui avait été soulagé par les avancées de l?Union européenne en vue de la création d'un mécanisme de soutien permanent. L'euro est tombé à un nouveau plancher historique face au franc suisse, monnaie refuge du vieux continent, qui est monté jusqu'à 1,2720, tandis que le dollar reprenait vigueur se hissant jusqu'à 1,3135. Mais les décalages sont restés limités. Fait le plus marquant: la Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre ont réactivé le mécanisme de «swaps» (échanges) de devises, utilisé au plus fort de la crise financière. Les deux instituts d'émission ont signé un accord portant sur 10 milliards de livres sterling, en échange de 15,5 milliards d'euros. Cette facilité qui court jusqu'en septembre 2011, permettra, en cas de besoin, à la Banque centrale d'Irlande de disposer de sterling, comme mesure de précaution. Menace sur l'Espagne Rien d'étonnant non plus que la décision de Moody's ait fait grimper le rendement des emprunts d'Etat irlandais à dix ans. Ils ont cependant limité la casse: même si la tension a initialement porté sur 20 points de base, l'entraînant jusqu'à 8,45 %, ce taux reste encore à bonne distance du point-haut récent atteint le 30 novembre à 9,35 %. En revanche, les taux à dix ans de la Grèce, elle aussi menacée d'une nouvelle dégradation par Moody's jeudi dernier, ont à peine frémis, bien que restant très haut perchés, juste au dessus de 11,90%. Car c'est la menace sur l'Espagne, d'un poids économique autrement plus lourd que l'Irlande ou la Grèce, lancée en début de semaine par la même agence, qui avait capté toute l'énergie des marchés.
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