La Fondation Hippocrène chante l'Europe

Ils ont l'Europe chevillée au corps. Et cet engagement, qui se transmet de génération en génération, s'incarne depuis près de vingt ans à travers la Fondation Hippocrène (du nom d'une source légendaire fréquentée par les muses et les poètes), fondée par Mona et Jean Guyot en 1992, aujourd'hui présidée par leur fille Michèle Guyot-Roze.« Dans la vie, il y a deux catégories d'hommes, se plaisait à répéter Jean Monnet, le père de l'Europe. Ceux qui veulent être quelqu'un et ceux qui veulent faire quelque chose. J'ai choisi la deuxième catégorie, on y trouve moins de concurrence. » Idem pour Jean Guyot. Né en 1921, licencié en droit, il prend le maquis en Auvergne en 1943. Avec la Libération vient l'heure de la reconstruction. Jeune inspecteur des finances, il s'y emploie dès 1946 au cabinet de Robert Schuman, alors ministre des Finances, avant d'être « débauché » par Monnet qui le nomme directeur de la division Finances de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier), l'ancêtre de l'Union européenne. Il rejoint ensuite la banque Lazard en 1955 comme associé-gérant jusqu'aux années 1990. Prendre sa retraite ? Non. Plutôt profiter de son temps pour marier son amour des arts et son engagement européen à travers sa fondation. Avec l'idée de renforcer la cohésion entre jeunes Européens en soutenant des projets réalisés par ces derniers dans les domaines de l'éducation, du social et de l'humanitaire, et de la culture.« Mon père a doté la fondation d'un capital qui atteint aujourd'hui les 8 millions d'euros. La fondation vit de son rendement que nous complétons, ainsi que de dons », explique Michèle Guyot-Roze.Cinq cent mille euros de budget annuel sont dévolus aux différents projets mécénés par la fondation, avec une moyenne de 10.000 euros par projet. Parmi eux, le festival Jeunes Talents qui réunit chaque année à Paris de jeunes musiciens européens.L'installation du siège de la fondation dans l'ancienne agence de l'architecte Mallet-Stevens en 2000 change la donne. Car ce superbe espace moderniste permet désormais d'accueillir, chaque printemps, une exposition d'art contemporain autour d'un thème ou d'une scène artistique européenne.Cette année, la Belgique est à l'honneur sous la houlette de la commissaire allemande invitée, Jeanette Zwingenberger. « J'essaye de cristalliser à travers les oeuvres des artistes retenus ce qui caractérise la culture de leur pays », souligne-t-elle. Ainsi Johan Creten interroge à travers ses sculptures les origines de l'art belge. Rinus Van de Velde rappelle que le dessin est une vieille tradition pour le Plat Pays, quand Benoit Platéus se frotte à la bande dessinée.Décédé en 2006, Jean Guyot serait fier de voir comment les siens continuent de porter le flambeau. Ses deux filles et ses petits-enfants sont au conseil d'administration et c'est sa petite fille qui dirige la fondation. Une petite maison de l'Europe, assurément.Yasmine Youssi www.fondationhippocrene.euExposition « Propos d'Europe 10 : des artistes belges » du 1er avril au 2 juillet 2011.
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