Et si le Golfe s'enflammait ?

Le cercle vicieux révolte/répression avait du mal, ce dimanche, à se rompre dans le Golfe, nouveau théâtre, après le Maghreb, d'affrontements entre forces de l'ordre et populations en mal de vie démocratique et économique meilleure. Mais alors que la flamme s'est rallumée en Afrique du Nord - du Maroc à la Libye, où les victimes des manifestations réprimées par la police du colonel Kadhafi se compteraient par centaines, ce sont les troubles dans le Golfe - du Bahreïn au Yémen, sans oublier potentiellement l'Arabie Saoudite, qui inquiètent aujourd'hui les chancelleries occidentales. Ensemble, Afrique du Nord et Moyen-Orient représentent environ 35 % de la production pétrolière mondiale. Et à lui seul, le Golfe affiche 56 % des réserves mondiale prouvées... De quoi poser un défi de taille aux grandes puissances, États-Unis en tête. 20 % des réserves mondiales de pétroleLa cinquième flotte de l'US Navy mouille au Bahreïn pour surveiller la région, et notamment le détroit d'Ormuz, par lequel transite 40 % du total du pétrole venant d'Arabie Saoudite, du Koweït, du Qatar, des Émirats arabes unis, de l'Iran et de l'Irak, le tout irriguant l'économie mondiale. Derrière la protestation de la petite population majoritairement chiite de Bahrein face à la monarchie sunnite, certains s'inquiètent d'un basculement de cette petite île dans la sphère d'influence du pouvoir chiite iranien. Un peu à l'instar de l'Irak où Téhéran a accru son influence. Dans ce contexte, les États du Golfe se sont lancés dans une course aux armements avec l'Iran. Les Émirats arabes unis (UAE) prévoient de dépenser une vingtaine de milliards de dollars à cet effet (voir ci-contre) alors que l'Arabie Saoudite a signé à l'automne dernier avec les États-Unis le plus grand contrat d'armement jamais bouclé pour quelques 60 milliards de dollars. « Cela renforcera la capacité de l'Arabie Saoudite à dissuader et se défendre contre des attaques à ses frontières et à son infrastructutre pétrolière, qui est centrale pour nos intérêts économiques », explique l'administration américaine. Au-delà des deux voisins, Bahreïn et Yémen, où des heurts émaillent l'actualité ces derniers jours, l'Arabie Saoudite est en effet l'enjeu principal. Le royaume wahhabite contrôle 20 % des réserves mondiales de pétrole, autant dire qu'il est la clé des prix du brut. Si les opérateurs, sur les marchés, ne semblent pas croire à un embrasement ? les cours du brent ont terminé à 102,52 dollars vendredi soir, après un récent pic au-delà de 104, ils pourraient revoir leur jugement à mesure que les troubles s'étendent et que la répression se durcit. Dans ce cas, une hausse des cours aurait un impact direct sur la reprise mondiale, encore fragile, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, sans oublier qu'elle serait indirectement responsable d'une nouvelle augmentation du prix des denrées alimentaires, via celle du prix des carburants et des engrais pétrochimiques. Or c'est aussi en raison de la vie chère que les peuples de la région se sont soulevés.
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