Les marchés de taux parient de plus en plus sur l'inflation

La remontée des cours des matières premières qui pousse les indices des prix mondiaux à la hausse continue d'alimenter les paris inflationnistes sur les marchés de taux. Pour l'instant, la tendance est la plus marquée au Royaume-Uni, où les chiffres de l'inflation publiés ce mardi ont indiqué que l'inflation avait atteint 4 % en janvier. Mesurant l'inflation moyenne anticipée chaque année par les intervenants, la différence entre le taux des obligations à 10 ans britanniques et celui des titres de même maturité indexés sur l'inflation ? le « point mort d'inflation » ? s'établissait ainsi ce vendredi à 3,18 %, non loin des 3,27 % atteint mi-février (un plus- haut depuis la faillite de Lehman Brothers). Depuis la mi-août, cette différence a grimpé de plus de 70 points de base, essentiellement en raison de la remontée des taux d'intérêts des obligations classiques. Leur taux varie en effet en sens inverse des prix et doit augmenter pour compenser l'affaiblissement de leur rémunération induit par l'inflation.De l'autre côté de la Manche, la zone euro est elle aussi confrontée à ce problème inflationniste, bien qu'à un niveau moindre. Alors que l'inflation a dépassé le seuil de 2 % fixé par la BCE pour le deuxième mois consécutif en janvier, le « point mort d'inflation » à 10 ans français a atteint vendredi son plus haut niveau depuis plus d'un an, à 2,29 %. Aux États-Unis, les marchés ont également revu nettement en hausse leurs anticipations d'inflations, après la publication jeudi d'un indice des prix à la consommation sensiblement plus élevé en janvier. Le « point mort » à 2 ans a ainsi grimpé jusqu'à 2 %, son plus haut niveau depuis juillet 2008, tandis que le « point mort » à 10 ans évoluait aux alentours de 2,35 %, non loin du niveau 2,40 % atteint en janvier 2011 et en avril 2010, quand la reprise semblait gagner en vigueur outre-Atlantique. Mais les similitudes de part et d'autre de l'Atlantique s'arrêtent là.Aussi bien au Royaume-Uni qu'en France ? les marchés de titres indexés les plus profonds en Europe ?, les anticipations augmentent en effet avec la longueur de la maturité, signe que les intervenants anticipent une accélération de la hausse des prix dans le temps. À l'inverse, aux États-Unis, les points morts déclinent entre les maturités 2 ans et 5 ans, avant de remonter tout doucement. Un phénomène qui pourrait traduire une rechute de l'économie américaine ou une envolée du dollar, synonyme de ralentissement des prix américains à l'importation. Julien Beauvieux
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