Encore une fois, l'Occident impose son ordre. Perclus de dettes, se relevant tout juste d'une grave crise financière, diminué dans son poids relatif sur la planète, le camp occidental a trouvé la force de monter une expédition punitive pour chasser le dictateur libyen. Certes, on pourra brocarder les volte-face de nos dirigeants vis-à-vis de Kadhafi - il n'y a pas si longtemps, le colonel plantait sa tente saugrenue près de l'Élysée. Tous les commentaires s'effacent pourtant devant la règle d'or de la diplomatie, énoncée par lord Palmerston : un État n'a ni amis éternels, ni ennemis perpétuels, seulement des intérêts éternels et perpétuels. Plus encore qu'occidentale, cette initiative est européenne. Ou plutôt franco-britannique, puisque l'Allemagne, s'étant exclue de l'opération, reste décidément un nain politique. La crise libyenne a une nouvelle fois révélé la faiblesse de l'administration Obama, prolixe en bons sentiments et en beaux discours mais dominée par les événements. Lors de la guerre d'Irak, les Américains néo-conservateurs ironisaient sur la différence entre Vénus, la planète gouvernant une Europe hédoniste et narcissique, et Mars, l'astre des guerriers, maître des États-Unis. Aujourd'hui, c'est l'Europe qui est martiale, tandis que l'Amérique est dans la Lune. Cela n'aura pas grande incidence sur l'intervention militaire elle-même : rien ne distingue un obus européen de son homologue d'outre-Atlantique. En revanche, cela peut tout changer dans l'après-guerre. La Pax Americana s'est traduite par un désastre en Irak et en Afghanistan, deux pays livrés à la guerre civile. Peut-être l'Europe, habituée à la gestion patiente et laborieuse de la diversité, sera-t-elle plus efficace pour aider à mettre en place la démocratie en Libye. [email protected]
Pax Europeana
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