Berlin douche les espoirs d'Athènes

Alors que le Premier ministre grec, Antonis Samaras, va entamer une semaine de consultations en Europe, avec au programme des rencontres avec Jean-Claude Juncker (mercredi), Angela Merkel (vendredi) et François Hollande (samedi), le gouvernement fédéral allemand fait montre de fermeté. « Le cadre financier, temporel et concret du programme pour la Grèce est fixe », a martelé ce lundi le ministère fédéral des Finances à Berlin. « Pas question de modifier le protocole d\'accord avec la Grèce », renchérit le ministère des Affaires étrangères. Lundi matin, le secrétaire d\'Etat aux Finances, Steffen Kampeter, avait rejeté l\'idée d\'accorder plus de temps à Athènes : « Plus de temps, cela signifie plus d\'argent », avait-il souligné.Mauvaise nouvelle pour SamarasVoilà de bien mauvaises nouvelles pour le gouvernement grec. Antonis Samaras pouvait en effet espérer faire bouger les lignes. La semaine passée, Angela Merkel et son ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle avaient laissé plus ou moins entendre que l\'on pouvait accorder un peu de marge de manœuvre temporelle à Athènes. Il semblerait que l\'on ait changé d\'idées à Berlin. Pourquoi ? La chancelière doit faire face à une féroce opposition venant de ses propres rangs sur sa politique européenne. Comme elle semble avoir décidé de soutenir la BCE dans ses projets d\'interventions massives sur les marchés, une position que sa majorité pourrait avoir du mal à accepter, elle est sans doute tentée de montrer de la fermeté sur le front grec.Résistance de la droite allemandeLes partis de sa majorité se montrent du reste très fermes sur la ligne : « Pas un centime de plus pour la Grèce ». La direction du parti libéral FDP a ainsi prévenu qu\'on ne pouvait faire de nouvelles concessions à Athènes que « contre des réformes ». Et depuis des semaines, la CSU bavaroise réclame plus ou moins ouvertement l\'expulsion de la Grèce de la zone euro.Ce que veut AthènesLe Premier ministre grec espérait que, contre un nouveau plan de rigueur de 11 milliards d\'euros, il pourrait arracher aux Européens un délai de deux ans pour remplir ses objectifs. Et pourquoi pas un peu plus, comme l\'effacement de dettes détenues par la BCE. Le protocole d\'accord avec le FMI, l\'UE et la BCE, le fameux « Mémorandum », prévoit peu de marge de manœuvre, mais indique qu\'en cas de « dégradation de la conjoncture », des aménagements sont possibles. Avec une baisse du PIB de 20 % en trois ans et un chômage à 23 % de la population active, Athènes peut donc prétendre que cette condition est remplie. Mais la tournée européenne du chef du gouvernement risque de ne rien donner de concret.Une solution en septembre ?En réalité, à Berlin, on joue la montre. Guido Westerwelle n\'a pas fermé la porte lors de sa rencontre de ce lundi avec son homologue grec, Dimitris Avramopoulos. Il a indiqué qu\'aucune décision ne pourra être prise avant la remise du rapport de la Troïka attendu à la mi-septembre. D\'ici là en effet, plusieurs échéances importantes seront passées : la décision de la BCE de procéder à des rachats de titres souverains sur le marché, mais aussi, le 12 septembre, la décision sur le MES et le pacte budgétaire de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Berlin espère sans doute alors que la situation sera plus favorable pour faire accepter certaines concessions à Athènes. D\'autant que la Troïka risque de conclure à l\'impossibilité du respect des délais indiqués. Angela Merkel compte certainement sur l\'urgence de la situation à ce moment-là (la Grèce devra obtenir avant la fin septembre les sommes promises pour ne pas faire faillite) pour faire céder les oppositions de son propre camp.  
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