L'OCDE révise à la baisse la croissance américaine

La récession - l'une des pires de l'histoire américaine - a beau s'être officiellement achevée en 2009, comme vient de l'annoncer le Bureau national des études économiques, les 15  millions de chômeurs, outre-Atlantique, n'en ont cure. Pour eux, que l'activité économique ait repris ou non son expansion, la situation est la même. Avec un taux de chômage qui s'affiche sur les niveaux de 10 % (9,6 % en août 2010), il se passe souvent de longs mois avant que les sans-emploi ne retrouvent un poste - quand ils en retrouvent un... Cette « jobless recovery » (reprise sans emploi) n'est pas l'apanage de cette dernière récession. En fait, depuis les années 1980, le décalage entre reprise et créations d'emplois n'a cessé de s'étirer. Ainsi, lors des récessions des années 1980 et 1990, il a fallu, pour revenir à un taux de chômage d'avant-crise, 33 % plus de temps qu'à l'occasion des récessions précédentes. Et il a fallu 60 % de plus lors de l'avant-dernière contraction du PIB, dans les années 2000. Enfin, dans le sillage de la dernière récession, le temps de latence pourrait être encore plus grand. C'est en tout cas ce que prédit l'OCDE dans sa dernière analyse de la conjoncture américaine. Selon ses experts, le taux de chômage devrait s'établir en moyenne à 9, 7 % cette année et à 9,0 % - des niveaux toujours élevés, donc - en 2011. « L'emploi pourrait se maintenir sur des niveaux postrécession au moins jusqu'en 2013 », notent-ils. Avant la crise, le taux se situait à l'un de ses plus-bas historiques, à 4,6 %, en 2007. Essoufflement de la reprisePas étonnant qu'avec ces perspectives, l'OCDE ait également abaissé ses pronostics de croissance de l'économie américaine. La progression ne devrait atteindre que 1,5 % en 2010 et 2,3 % en 2011. En mai dernier, les mêmes experts de l'OCDE tablaient sur une expansion de l'activité de 3,2 % par an pour 2010 et 2011. Les raisons de l'essoufflement de la reprise sont claires  : sur fond de chômage têtu, le moral des consommateurs - et partant, des entrepreneurs - s'effrite créant les conditions d'une faiblesse conjoncturelle qui s'auto-alimente. Les mesures pour remédier à cet essoufflement le sont moins. Selon l'OCDE, la Réserve fédérale, qui réunit son conseil de politique monétaire ce mardi 21 septembre, doit rester « accommodante dans sa politique monétaire pour soutenir l'économie, alors qu'on assiste à un resserrement de la politique budgétaire », essentiellement sous la forme de l'arrivée à échéance de certaines mesures contenues dans le plan de relance adopté en février 2009. Restera ensuite à rétablir l'équilibre budgétaire. « Le contrôle des dépenses ne devrait pas être suffisant, donc les impôts devront augmenter », prédit l'étude. Lysiane J. Baudu (Lire aussi page 14).
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