Seule la crise irlandaise tempère la hausse de l'euro face au dollar

Le dollar a amplifié son recul face à l'euro, qui a refranchi un moment le seuil de 1,31, pour atteindre son plus haut niveau depuis cinq semaines. Les analystes chartistes pointent désormais le niveau de 1,33 dollar pour un euro, qui pourrait être rapidement atteint, à moins que le nouvel épisode de la crise de la dette souveraine de la zone euro ne s'aggrave, cette fois, par Irlande et Portugal interposés. Une rumeur d'appel à l'aide du FMI avait fait bondir vendredi les taux d'intérêt de la dette irlandaise, et lundi, veille du lancement de deux emprunts à quatre et huit ans, portant sur 1 à 1,5 milliard d'euros, les rendements longs ont continué à se tendre dans des proportions inédites. Le taux des emprunts d'État à dix ans a atteint un record absolu depuis la naissance de l'euro à 6,49 %, creusant le différentiel avec l'Allemagne à 405 points de base. On a assisté à un scénario analogue au Portugal, où les rendements à dix ans ont bondi de 5,95 % vendredi matin à 6,43 % lundi. Cette secousse tellurique n'a pas suffi à dissuader les acheteurs d'euros, d'autant que les grandes agences de notation Moody's, Standard & Poor's et Fitch Ratings ont toutes accordé lundi leur prestigieux triple A aux émissions de dette à long terme qui pourraient être réalisées par le Fonds européen de stabilité financière, crée en mai au plus fort de la crise de la dette, pour venir en aide aux États de la zone euro en difficultés. Car pour l'heure, les acteurs du marché des changes se focalisent sur la réunion du conseil de la Réserve fédérale américaine de ce mardi. Leur attention est captée par l'essoufflement de l'économie américaine, qui ne devrait croître que de 1,5 % cette année et 2,3 % en 2011, selon les nouvelles prévisions de l'OCDE et le retournement à la baisse du marché immobilier, encore avéré ce lundi par le baromètre de l'Association nationale des constructeurs de logements (NAHB) évaluant le moral des professionnels du secteur. Avec une question à la clé : la Fed passera-t-elle de la parole aux actes, mettant en place les nouvelles mesures de soutien de l'activité évoquées, « si nécessaire », par son président, Ben Bernanke, lors du symposium de Jackson Hole fin août ? Si tel était le cas, cela voudrait dire que le retournement conjoncturel aux Etats-Unis est plus sévère que ce qu'ont laissé filtrer les dernières statistiques. Le rôle de valeur refuge du dollar prendrait alors un sérieux coup dans l'aile. Néanmoins, la plupart des économistes estime qu'il faudrait une dégradation nettement plus marquée des perspectives économiques pour que la Fed ne donne pas de temps au temps et remette dès aujourd'hui à l'ordre du jour son programme d'achats d'emprunts d'État. Lors de leur précédente réunion, le 10 août, les « sages » de la Fed avaient déjà décidé de réinvestir en titres de la dette publique le produit du portefeuille de titres hypothécaires acquis au plus fort de la crise, gelant ainsi son bilan. Tout au plus, la Fed pourrait-elle introduire une petite phrase dans son communiqué, annonçant qu'elle évalue les mérites potentiels d'une nouvelle salve d'achat de titres de dette publique, tout en maintenant le taux cible des fonds fédéraux au plancher historique de 0 % à 0,25 % sur lequel il campe depuis décembre 2008.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.